samedi 10 janvier 2015

Si tu passes la rivière : Geneviève Damas


Présentation:
Tout à coup j'ai pensé que la vie était belle. Pas belle comme quelque chose que tu observes dans une vitrine et qui ne t'appartient pas, qui ne t'appartiendra jamais et qui te nargue et te dis "Ce n'est pas pour toi, petit"; belle comme quelque chose de sanglant qui te tombe dessus par hasard, qui t'écorche, mais c'est ça la vie quand tu en es le centre, qu'il se passe quelque chose et que cela t'arrive à toi, tu peux dire alors qu'elle est belle, la vie 
«Si tu passes la rivière, si tu passes la rivière, a dit le père, tu ne remettras plus les pieds dans cette maison».
C'est ainsi que commence la poignante histoire de François, jeune paysan naïf et ultra sensible en quête de vérité et de liberté. Prisonnier de son milieu familial rigide et fermé, il passe le plus clair de son temps à garder les cochons auxquels il parle et se confie.
Avec ce premier roman, Geneviève Damas dépeint d'une manière très juste un univers rempli d'humanité, de compassion et de silences.

Mon avis (Lu il y a quelque temps)
J’ai mis un certain temps avant de venir vous parler de cette lecture qui m’a vraiment émue. Plus précisément touchée par ce très beau personnage de François Sorrente, jeune homme illettré vivant sur la ferme familiale avec un père violent et ses deux frères tout autant brutaux qui n’ont jamais enduré la différence de ce fils/frère idiot.
Entouré par ces gars rustres et malveillants, François s’ennuie de sa sœur Maryse qui a quitté la ferme et avec qui il s’entendait bien. Maintenant il ne lui reste que ses cochons comme amis et avec qui il parle de ses ennuis, de ses envies, rêves et espoirs. Car François, aussi idiot qu’il puisse paraître, ne l’est pas et rêve de découvrir  qui était sa mère et surtout qui il est vraiment. Au fil de cette quête, il fera de belles rencontres qui l’aideront à mieux cheminer et s’éloigner du mal qui l’entoure.

Un très, très beau personnage qu’a créé cette auteure. Un François débordant de candeur mais avec une force énorme de vouloir vivre et apprendre la liberté d’être qui il est et enfin connaître ce qu’est être heureux.

Voilà, difficile d’en dire plus car ce roman écrit avec cœur et humanité bien il vous faut vraiment le découvrir à votre tour. Suivre le cheminement de cet être d’exception au travers des mots touchants est un réel plaisir de lecture qu’il vous faut vivre à votre tour. Bonne future lecture.

Un petit avant goût :
 » Je ne savais pas bien pourquoi Maryse avait fichu le camp un beau jour. Je ne savais pas bien pourquoi. Je gardais les cochons ce matin-là. Je les gardais parce que personne d’autre ne voulait le faire et que je suis le plus petit. Et puis la saleté tout ça, ça ne m’a jamais rien fait à moi qui suis un fils de la poussière et du vent. Il faisait chaud et tout était calme sur les chemins que je voyais autour de moi, la rivière coulait droit devant et les poissons y vivaient leur vie de poisson. Et puis j’ai entendu le père gueuler dans la cour, gueuler comme un perdu et des drôles de sons que je ne comprenais pas parce que je n’avais jamais entendu quelqu’un pleurer. Chez nous, on ne pleure pas, ça mouille à l’intérieur, mais au-dehors c’est sec. Alors je ne pouvais pas savoir avant de la voir arriver, toute ruisselante de pluie sur le visage et un gros sac sur le dos. Elle était rouge, ma sœur, d’habitude si blanche, et marchait sans me voir. «

Si tu passes la rivière : Geneviève Damas
Hamac 2013

2 commentaires:

Anne a dit...

Le coup de coeur belge de l'année passée ! L'auteure est charmante et elle écrit avec une tendresse et une poésie que j'apprécie particulièrement !

Suzanne a dit...

@ Anne

Et je t'approuves à 100%. Une écriture fort belle et j'espère pouvoir relire cette auteure bientôt.