samedi 7 septembre 2024

Le Pianiste, Wladislav Szpilman

 

(Lu il y a un bout)

Témoignage d'un rescapé de Varsovie, jeune pianiste d'origine juive qui, sous l'occupation allemande, a tout perdu. Sa famille, ses amis, ses collègues, son identité et ses rêves. Cinq années de cauchemar que ce musicien a vécues dans cet horrible ghetto. Il a tout vu et tout enduré. Sous les bombardements, il a connu la faim, la souffrance, la mort terriblement présente, les coups et les blessures autant physiques que moraux. Heureusement Wladyslaw a tout de même réussi à s'en sortir grâce à sa volonté, à son énorme courage et aussi avec l'apport d'un officier allemand révolté par les atrocités que pouvaient subir ces pauvres gens. 

« Quels lâches nous sommes, à nous croire au-dessus de pareilles horreurs sans rien faire pour les en empêcher ! Nous serons punis, nous aussi, et nos enfants le seront aussi, bien qu’innocents, parce que nous devenons des complices en tolérant que tous ces crimes soient perpétrés. »

Un très bel écrit, triste mais dénué de larmoiements et présenté sobrement avec respect. Une histoire de courage, d’espoir et aussi une leçon d’humilité. Tout perdre, famille, biens, même son identité que ce jeune homme a dû cacher au risque de mourir tout ça pour une guerre incompréhensible. 

Ce livre devrait être une lecture obligatoire dans toutes les écoles du monde pour que ces pages soient lues par millier afin que la bêtise humaine, avec toutes les horreurs qu'elle amène, soit à jamais bannie. 

Le Pianiste, Wladislav Szpilman
Robert Laffont 2001


lundi 19 août 2024

Fille noire, Fille blanche, Joyce Carol Oates

  

 Genna et Minette partagent une chambre sur le campus. Et c'est tout ce qu'elles ont en commun. Minette est aussi noire, indomptable et solitaire que Genna est blanche, timide et généreuse. Fascinée, Genna fait son possible pour fendre la cuirasse de Minette et devenir son amie. Observant la menace des violences racistes croissantes, elle est sa seule alliée ; pourra-t-elle la sauver ? 

Mon avis (Lu il y a un bon bout) 

Quoi qu’en disent ses dénigreurs, Joyce Carol Oates a une sacrée plume et elle le prouve une fois de plus avec ce roman. Et je peux vous dire que ça fait du bien de se replonger dans une histoire accrocheuse et intrigante à la fois. Je suis entrée dans cette lecture dès les premières pages et l’ai lu quasiment d’une traite.  

La narratrice, Genna, raconte des faits qu’elle a vécu quinze ans plus tôt lors de sa rencontre avec Minette, sa colocataire, au temps de leur première année d’études universitaires.  

L’une est une fille blanche, enfant d’une famille très bien nantie et l’autre est de race noire, enfant de pasteur et d’une mère soumise. Bref, deux filles complètement différentes l’une de l’autre. Genna est gentille, très sociable voudrait bien devenir l’amie de la très désagréable et hautaine Minette. Elle usera d’une patience d’ange pour s’en faire une amie mais plus le temps va passer, plus Minette va s’isoler, devenir amère, victime d’actes racistes. 

Un récit complexe par moment dont le climat de l’époque transcende tout au long du roman sans être agressant pour autant. Un roman dans lequel on suit aussi une partie pas très rose de l’histoire américaine. Le Vietnam, la chute de Nixon, le combat des noirs pour leurs droits.  Bref, un bouquin où il y a aussi la solitude, la peine, la culpabilité. 

Une lecture pas toujours facile mais Fille noire, Fille blanche est très bien écrit malgré que certains passages soient décousus, hachés comme si l’auteure avait voulu ajouter un petit coté ambigu à son récit. Cependant, l’écriture de Joyce Carol Oates est belle, riche et malgré ses petits côtés noirs et déroutants, lire ses mots est un réel plaisir. 

Fille noire, fille blanche de Joyce Carol Oates

Philippe Rey, 2009


Autres romans de l'auteure sur le blogue: Blonde Carthage Délicieuses pourritures Hantises J'ai réussi à rester en vie - La fille du fossoyeur - Le goût de l'Amérique - Le musée du Dr. Moses - Mère disparue - Mudwoman - Nous étions les Mulvaney - Petit oiseau du ciel - Petite soeur, mon amour  - Un endroit où se cacher - Un livre de martyrs américains

vendredi 12 juillet 2024

Histoire de Lisey, Stephen King

Pendant vingt-cinq ans, Lisey a partagé les secrets et les angoisses de son mari. Romancier célèbre, Scott Landon était un homme extrêmement complexe et tourmenté. Il avait tenté de lui ouvrir la porte du lieu, à la fois terrifiant et salvateur, où il puisait son inspiration. À sa mort, désemparée, Lisey s'immerge dans les papiers laissés par Scott, s'enfonçant toujours plus loin dans les ténèbres qu'il fréquentait... 

Mon avis (Lu il y a un bout)
Avant tout, je dois faire cette petite mise au point. L’éditeur qualifie ce livre de chef-d’œuvre mais selon moi, Histoire de Lisey ne s’y apparente pas vraiment. Ô ce n’est pas un mauvais livre mais, je suis tout de même restée sur ma faim.

Pourtant le sujet est hyper intéressant. Un écrivain meurt assassiné par un admirateur, sa femme Lisey doit non seulement apprendre à faire son deuil mais aussi se battre contre les vautours, lecteurs inconditionnels de l’écrivain, qui ne cessent de la harceler afin de mettre la main sur des documents supposément inédits de l’auteur. Jusqu’ici l’intrigue attire mais j’ai eu bien de la difficulté à poursuivre au-delà des cent premières pages car j’ai perdu souvent le fil.

Stephen King est un excellent écrivain je ne le contesterai jamais. Son écriture est impressionnante et il sait, souvent par de simples thèmes, attirer le lecteur dans ses filets. Mais ici, malgré ma bonne volonté, je n’ai pas vraiment embarqué dans cette histoire comme il m’est arrivé de le faire dans la majorité de mes lectures de l’auteur. 

À travers les découvertes de Lisey dans les écrits de Scott Landon certains de ceux-ci m’ont agacée, comme si par moment je lisais un journal intime dont les mots n’avaient plus aucun rapport avec le roman tel quel. Par contre, j’avoue ne pas avoir détesté le personnage de Lisey. Ses épreuves, ses moments dépressifs elle laisse tout ça de côté pour défendre avec volonté son entourage. Vraiment un personnage intéressant. Cependant, les trop nombreux passages issus d’époques diverses m’ont ennuyée et l’intérêt de poursuivre ma lecture s’est amenuisé petit à petit.

J’avoue ma déception mais peut-être que je devrais le relire. Peut-être que l’importance de certains passages m’a échappée? Je ne sais pas. Bref comme écrit plus haut, ce n’est pas un mauvais roman mais je crois que je n’étais tout simplement pas prête à le lire.

Histoire de Lisey : Stephen King

 Albin Michel, 2007

Autres romans de l'auteur sur le blogue: 22/11/63 - Ça - Cycle de La Tour sombre - Dôme - Duma Key - Holly - Joyland - L'Institut - L'Outsider - La ligne verte - Le bazar des mauvais rêves - (Trilogie Billy Hodges Mr Mercedes t1- Carnets noirs t2 )- Nuit noire, étoiles mortes - Rose Madder - Running man

mardi 25 juin 2024

Les yeux dans les arbres, Barbara Kingsolver

 

Mon avis (lu il y a un bout)

 En 1959, Nathan Price, pasteur américain, part en compagnie de sa famille au Congo belge afin d'aller évangéliser le peuple congolais. Petit à petit ce pasteur baptiste aveuglé par son fanatisme religieux, négligera sa femme et ses filles en les laissant se débrouiller dans un pays où les épreuves se succèdent à un train d'enfer. Famine, invasion de fourmis, incendie, crocodiles et hostilité des habitants, les quatre filles et leur mère vont tout de même parvenir à survivre grâce à leur volonté et surtout avec l'aide de quelques villageois.

 Un magnifique roman dans lequel l'histoire congolaise africaine nous est racontée avec brio. Des décors bien décrits par une fort belle plume, si bien dépeints qu’on se croirait aux côtés des protagonistes en plein cœur de cette grande Afrique.

 L'auteure s'est servi des voix de ces cinq personnages féminins, autant différents les uns des autres, afin de nous transporter en plein cœur du récit. Que ce soit par la voix de la mère Orleanna ou encore celle de l’aînée Rachel puis celles des jumelles Leah et Adah ainsi que des propos de la cadette Ruth May, chacune nous livre son ressenti face à leur vie congolaise et nous ouvre les yeux sur les atrocités commises par des colonisateurs se croyant tout permis et ce, au nom de Dieu. De superbes personnages, sauf celui du père et mari dominant dont la violence et le fanatisme sont véritablement effrayants.

 Je pourrais en ajouter encore et encore car il y a tant à dire sur cet excellent roman mais je ne le ferai pas car je vous laisse le plaisir de le découvrir à votre tour et de vous laisser raconter  Les yeux dans les arbres par une plume qui sait faire et qui, j’en suis certaine, vous enchantera.

 Les yeux dans les arbres, Barbara Kingsolver

Éditeurs: Payot, 1998 et Rivage de poche 2001 

Traduction : Guillemette Belleteste




mercredi 5 juin 2024

Balades a quinze ans!!

 


15 ans, hou là, je n’aurais jamais cru cela possible il y a quelques temps! Pas après ma malchance qui m’a rendue inactive pendant un bout! Mais sirop, je suis toujours là et j’en suis vraiment heureuse. J’avoue que j’ai cru devoir tout abandonner et ce bien involontairement mais me voilà revenue! Petit à petit puis, de plus en plus et j'en suis ravie.

Enfin j’ai recommencé à lire et j’ai recommencé à déposer mes mots tout ça parce que j’ai toujours du plaisir à le faire. Puis, allez me promener chez vous, lire votre amour de la lecture, consulter vos billets, échanger avec vous; croyez-moi j'aime vraiment beaucoup. Et sirop que j’en ai noté de vos suggestions depuis ces quinze dernières années!!  De quoi faire grossir mes piles à lire! 

Bon il est vrai qu’avec les réseaux sociaux plusieurs endroits livresques ne sont plus mais pour ceux qui demeurent, pour les anciens qui reviennent et les nouveaux qui arrivent, je ne cesserai jamais d’aller m’y balader soyez-en assuré.es .

Finalement, merci à vous toutes et tous de me lire encore malgré mes absences. Merci pour vos venues, vos mots, votre passion car, si aujourd’hui je fête ce bloganniversaire, c’est avant tout grâce à vous.

Merci de tout cœur.

mardi 21 mai 2024

Les égarés, Lori Lansens


Cinq jours, quatre randonneurs, trois survivants…
Le jour de son dix-huitième anniversaire, Wolf entreprend l’ascension de la montagne surplombant Palm Springs, avec en tête le projet de se jeter dans le vide. En chemin, il rencontre trois femmes : Nola, qui a décidé de souligner son anniversaire de mariage malgré le décès de son mari, Bridget, qui s’entraîne pour un triathlon, et Vonn, en pleine crise d’adolescence. Ces trois âmes brisées lui sauveront la vie chacune à leur manière.


 Connaissant déjà la très belle plume de Lori Lansens par ses trois premiers écrits : La ballade des adieux, Les filles ou encore Un si joli visage, je n’ai aucunement hésité à me plonger le nez dans Les égarés et croyez-moi ce récent titre n’a rien à envier aux trois autres. 

Quelle écrivaine! Douée d’un réel talent elle nous présente cette fois-ci un récit dont l’intrigue se déroule en pleine nature dans les montagnes de Palm Springs, Californie. Des montagnes où il existe quelques sentiers pédestres pour les touristes mais ces lieux peuvent s’avérer dangereux si on s’écarte de leurs chemins banalisés. Et c’est par quelques erreurs d’inattention ou trop de témérité que trois femmes et un jeune homme vont s’égarer dans ces montagnes. Pendant plusieurs jours, Nola, Vonn, Bridget et Wolf vont tenter de survivre sans nourriture et sans eau en combattant leurs peurs, à la merci d’animaux sauvages et tentant d’oublier le froid tout en espérant se sortir de cette terrible épreuve.

Cette excursion bien involontaire va changer la vie de chacun/chacune. Petit à petit, les quatre randonneurs vont se révéler, se détester, s’endurer, se partager autant leurs secrets que leurs regrets mais surtout, malgré l’angoisse qui les habite, apprendre la solidarité et faire confiance à l’autre.

Dès les premières pages, j’ai su que je passerais un très beau moment de lecture avec Les Égarés. J’ai vraiment aimé cette histoire pour la justesse d’écriture de l’auteure. Pour l’humanité de ses personnages et les superbes descriptions de cette nature qui peut être tout aussi belle que cruelle. J’ai aimé suivre chacun des personnages et me suis surprise à me demander ce que j’aurais fait à leur place. Une sacrée conteuse que Lori Lansens qui n’hésite pas à ajouter à cette aventure survivaliste, un suspense où les faiblesses et forces humaines jouent un très grand rôle.   

Bref, un roman que je vous recommande chaudement.

Mont San Jacinto, Palm springs, Californie


Les égarés
, Lori Lansens

trad. Lori Saint-Martin et Paul Gagné, Alto, 2017

 

Autres romans de l’auteure sur le blogue : La ballade des adieux - Les filles - Un si joli visage

lundi 13 mai 2024

Un jardin au bout du monde, Gabrielle Roy

 

«Un jardin au bout du monde est né de la vision que je saisis un jour, en passant, d''un jardin plein de fleurs à la limite des terres défrichées, et de la femme y travaillant, sous le vent, en fichu de tête, qui leva vers moi le visage pour me suivre d''un long regard perplexe et suppliant que je n''ai cessé de revoir et qui n'a cessé, pendant des années, jusqu'à ce que j'obtempère, de me demander ce que tous nous demandons peut-être au fond de notre silence. »  G.R. 

 Mon avis (Lu il y a un bout)

Comme plusieurs le savez déjà, j’aime beaucoup ce qu’a écrit cette grande auteure qu’est dame Roy car ses histoires, bien que présentées en toute simplicité, sont belles, puissantes et débordantes d’émotions.  Dans Un jardin au bout du monde, recueil de quatre nouvelles, l’auteure nous raconte le quotidien de superbes personnages, des immigrants (sauf Gustave, le cousin québécois) qui, à la fin du  XIXe, début du XXe siècle sont devenus, en affrontant froid et sécheresse, les premiers laboureurs de ce que sont maintenant les Prairies canadiennes. 

Qu’il soit question de Sam Wong, la famille Trudeau, les Doukhobors ou encore Maria et Stepan, ces quatre rencontres avec des gens désirant réaliser leur rêve dans un pays étranger sont fort bien décrites par une plume belle, sobre et simple à la fois. Des thèmes comme la solitude, l’acceptation, la différence, le racisme mais aussi et surtout le courage,  l’amour  et l’espoir sont omniprésents et croyez-moi l’émotion est au rendez-vous. À découvrir vraiment. 

« Ainsi, un jour que m'amenait sur cette route une étrange curiosité — mais plutôt une tristesse de l'esprit, ce goût qui assez souvent m'a prise de découvrir et de partager la plus totale solitude — j'ai vu devant moi, sous le ciel énorme, contre le vent hostile et parmi les herbes hautes, ce petit jardin qui débordait de fleurs. »

Un jardin du bout du monde de Gabrielle Roy

Boréal 1994


Autres romans de l'auteure sur le blogue: