Préface d’Honoré Beaugrand
« Le récit qui suit est basé sur une croyance populaire qui remonte à l’époque des coureurs des bois et des voyageurs du Nord-Ouest. Les « gens de chantier » ont continué la tradition, et c’est surtout dans les paroisses riveraines du Saint-Laurent que l’on connaît les légendes de la chasse-galerie. J’ai rencontré plus d’un vieux voyageur qui affirmait avoir vu voguer dans l’air des canots d’écorce remplis de «possédés» s’en allant voir leurs blondes, sous l’égide de Belzébuth. Si j’ai été forcé de me servir d’expressions plus ou moins académiques, on voudra bien se rappeler que je mets en scène des hommes au langage aussi rude que leurs difficiles métiers.»
Mon avis
À maintes reprises j’ai entendu cette légende racontée de différentes façons et tellement revisitée que je ne savais pas laquelle était l’originale. Alors lorsque s’est présenté l’occasion de lire les mots du ''père'' de cette légende: Honoré Beaugrand, je n’ai pas hésité et je ressors ravie de cette belle lecture.
Suite à La Chasse-galerie, j’ai découvert aussi de beaux contes comme Le loup-garou, La bête à grand’queue, Macloune, Le père Louison et Le fantôme de l’avare tous en scène dans le Québec du XIXe siècle où se mêlent et s’emmêlent croyances, peurs, diableries, fantômes, animaux bizarres, revenants dont les intrigues se passent en des lieux propices à ces histoires quelque peu surnaturelles. Par exemple : village isolé, camp de bûcherons, soirées dansantes où la boisson coulait à flot et par le fait-même aidait à croire et à rêvasser. Bref, tout pour se sortir de cette dure réalité quotidienne d’une société axée essentiellement sur la religion catholique et ses interdits.
J’ai bien aimé lire Beaugrand. Cet auteur maniait bien la plume et j’avoue que j’en aurais pris plus car ce bel ouvrage est trop court; à peine 90 pages! Enfin, La Chasse-galerie est bien écrit, bien construit et je me permets de vous conseiller de le lire ou de le redécouvrir car vraiment ce petit bouquin est un grand classique de la littérature québécoise.
Extrait
Acabris! Acabras! Acabram!....Fais-nous voyager par-dessus les montagnes.
A peine avions-nous prononcé les dernières paroles, que nous sentîmes le canot s'élever dans l'air à une hauteur de cinq ou six cents pieds. Il me semblait que j'étais léger comme une plume; et au commandement de Baptiste, nous commençâmes à nager comme des possédés que nous étions.
Aux premiers coups d'aviron le canot s'élança dans l'air comme une flèche, et c'est là le cas de dire, le diable nous emportait. Ça nous en coupait le respire, et le poil en frisait sur nos casques de chat sauvage.
Nous filions plus vite que le vent. […]La nuit était superbe; et la lune, dans son plein, illuminait le firmament comme un beau soleil du midi.
Il faisait un froid du tonnerre; nos moustaches étaient couvertes de givre; et cependant nous étions tous en nage. Ça se comprend aisément, puisque c'était le diable qui nous menait; et je vous assure que ce n'était pas sur le train de la Blanche.
Chasse-Galerie: Toile Henri Julien, 1906
La Chasse-Galerie: Honoré Beaugrand
Réédition Éditions Fides, 2016
2 commentaires:
Bonjour Sue, Une bonne idée de lire l'original. C'est vrai que nous en avons eu toutes sortes de version. Je veux voir le film aussi qui est arrivé sur Illico. J'avais vu des séquences au cinéma et les images sont superbes et il y a une belle brochette de comédien.
Ça me rappelle les films inspirés des contes de Fred Pellerin! Bisous :D
@ Milly
Salut gentille Milly
J'ai été bien contente de me plonger dans cette belle légende et comme toi, je devrais visionner le film sous peu. Puis si, de plus cette adaptation est dans le ''genre'' de ceux de Fred Pellerin, je sens déjà que je vais passer du bon temps.
Merci de tes mots et à très vite.
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