samedi 11 mars 2017

Nénuphar, Maryse Barbance

Au fil d'une écriture sensible, ponctuée d'évocations, Maryse Barbance nous fait pénétrer dans l'univers de Florence vivant dans l'interminable attente de nouvelles sur sa maladie. « Nénuphar. J'appelle la chose ainsi pour pouvoir vivre avec, et en hommage à Vian », écrit celle-ci. Le mal évoluant, les questions se multiplient : Qu'est-ce qu'une femme? Que signifie grandir? Aimer? Comment composer avec demain quand aujourd'hui se fait si fragile? Pour échapper à ces interrogations lancinantes, Florence emprunte la voie de ses souvenirs.

Mon avis
L’écriture est belle, sensible mais le propos n’est pas facile. La maladie tient place du début à la fin. Les interrogations face à celle-ci, les conséquences et peut-être, aussi… l’inévitable. Une lecture d’où l’on suit les mots de Florence face au mal qui la ronge, face à l’attente d’une solution, d’une fin ou d’une réussite. Écrire est un baume pour Florence, une arme secrète également afin de l’aider à ne pas se laisser aller, afin de lui donner courage.

« J’écris pour ne pas me laisser faire […]. Je ne tiens pas de journal auquel je me sentirais obligée au lieu de pouvoir aller librement. J’écris pour vivre. Je lis aussi pour vivre. »

Au fil des pages l’auteure nous glisse les souvenirs de son héroïne, entre Paris et Montréal, de la naissance de sa fille Clara, en passant par ses amitiés ou aux côtés de celui qu’elle a aimé par-dessus tout, les mots s’enchaînement et on passe d’avant au présent. Entre la peur de voir son corps se détruire petit à petit, entre ses séances chez le médecin, ses inquiétudes face à trop de silences; elle se questionne:

« Aujourd’hui ma liberté est conditionnelle à toutes sortes de matières dont on ne me dit rien ou si peu […] semble-t-on penser que le malade ne comprend pas, au pire qu’il n’y a rien à expliquer ? »

À suivre Florence, ses angoisses et ses interrogations, à parcourir ses mots même si plane au-dessus d’eux constamment les ravages de la maladie, on ne peut qu’admirer le courage de cette femme d’affronter celle-ci avec autant de détermination.

« Les vautours ont repris leur vol […] Mais je reste calme, sachant d’expérience que cela les égare et me permet de me retrouver. Ils n’auront pas mon corps […] ni le dernier mot. Je suis allé trop loin dans mes rêves pour renoncer»

Un sujet difficile que celui de la maladie mais dans Nénuphar, il n’y a pas d’apitoiement ni d'optimisme indécent non plus ; que la force et le désir de vivre malgré tout. Un récit écrit finement à l’encre de l’espoir.

Nénuphar, Maryse Barbance
Fides Éditions, 2016


Merci aux Éditions Fides et à Laurie-Anne Gohier 

4 commentaires:

Dominique Blondeau a dit...

Coucou Suzanne, j'ai lu votre commentaire avec curiosité. Vous vous en êtes bien sorti. J'ai lu ce romans mais je ne sais trop quoi en penser. Je trouve que la maladie sert de prétexte à raconter la vie de la narratrice. Il se peut que je me trompe.

Suzanne a dit...

@ Dominique
Personnellement j'aurai pris parti plus sur l'essai que sur le roman mais bon; pas facile d'écrire sur ce genre de lecture. Ce qui est certain, c,est que l'auteure a une jolie plume.

Florinette a dit...

Écrire en partageant ce que l'on traverse peut-être un véritable exutoire, mais pour le lecteur ce ne sont pas des lectures faciles... Belle journée Suzanne, bisous

Suzanne a dit...

@ Florinette
En effet mon amie; cette lecture, laisse ses marques. Beau dimanche gentille dame.