«Ayant été la dernière fille, pondue en queue de peloton, c’est quand même avec une queue que j’aurais préféré être conçue. Toute ma vie, j’ai envié le sexe fort […]. C’est tout de même avec deux dents bien plantées dans la mâchoire que je fais ma première sortie publique ce 11 octobre 1952. À ce moment précis, un but du Canadien détourne l’attention générale de la petite chambre où ma mère, épuisée à 45 ans, met au monde son dernier rejeton. De toute évidence, je viens de perdre mon premier concours de popularité.»
Ça faisait un bout que je n’avais lu ce genre de roman. Une histoire de fratrie racontée par la benjamine dernière-née d’une famille déjà fort nombreuse de 19 membres père et mère inclus. Une famille populeuse comme on en voyait souvent dans ces années où les petits bonheurs de la vie quotidienne côtoyaient trop souvent la misère et la difficulté à joindre les deux bouts surtout avec tant de bouches à nourrir. Croyant pouvoir vivre de meilleurs conditions les Lacasse quittent l’Ontario pour venir s’établir au Québec en pleine ère Duplessis, époque où va naître Léonie.
Donc, de ces années d’avant, de sa naissance en passant par sa petite enfance jusqu’à l’adolescence Léonie va raconter les siens, de leur passage rural à celui de la ville où les plus vieux vont devoir s’adapter à bien des changements et où les plus jeunes vont tenter de trouver leur place et faire face aux conséquences de silences imposés et de non-dits sur des actes indicibles. Finalement, sous les mots de Léonie, sous ses côtés tendres et parfois drôles se cache une douleur profonde qui laisse sans voix.
Fragments de famille est un roman qui se lit d’un seul souffle. Pas question de quitter ce que Léonie raconte avant de connaître le dénouement de l’histoire. De plus, l’écriture est belle, fluide et simple à la fois. L’auteure a su fort bien éviter que l'on se perdre au travers un nombre impressionnant de personnages et d’une partie historique trop longue. Mari Mari a choisi de nous offrir que l’essentiel qui, malgré certains passages qui ébranlent, a atteint le but de capter notre intérêt dès les premiers phrases jusqu’au point final. Un très bon premier roman à lire absolument.
Si vraiment l’ordre et le désordre sont comme deux droites parallèles qui se rejoignent à l’infini, eh bien il y a peut-être de l’espoir pour l’humanité. p.12
Fragments de famille, Mari Mari
Fides, 2017
4 commentaires:
Voilà un extrait qui pousse à la réflexion ! ;-)
Belle semaine Suzanne, je t'embrasse
@ Salut mon amie. Concernant l'extrait j'ai pensé exactement la même chose. ;-) Belle journée à toi.
Ahhhhh, les premiers romans québécois! :) Tant de pépites à découvrir qui, trop souvent, restent dans l'ombre. Celui-ci me tente beaucoup. Merci infiniment d'en avoir parlé ici aujourd'hui.
Bises pluvieuses et brumeuses de Vancouver!
@ Marion
Hé hé bonjour gentille dame. heureuse de te lire. J'espère que tout va bien dans ton nouveau coin de pays.
Tu devrais aimer la plume de cette dame. Tu me diras. À bientôt.
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