Si je me suis tant intéressée à cette histoire, écrit Mélanie Loisel, c’est parce que cette jeune femme autochtone, qui a été écorchée par la vie, est bel et bien vivante. Contrairement à ses sœurs disparues ou assassinées, elle peut parler. Elle peut raconter son histoire comme bon lui semble, avec ses hauts et ses bas, ses joies et ses peines, ses rêves et ses désillusions, et même avec ses limites.
C’est par un geste courageux qui donne à réfléchir que Marly Fontaine a pris la parole.
«Le 20 avril 2017, dans le cadre de mon projet final d’université, je me suis fait tatouer sur mon avant-bras gauche le numéro 0800381101. 0800 signifie la communauté à laquelle j’appartiens, celle de Uashat Mak-Maliotenam. 3811 est mon identité. 01 veut dire que j’ai acquis mon propre numéro pour ma propre descendance. Je suis donc un numéro aux yeux du gouvernement canadien. Je suis le 0800381101.»
Ah j’aimerais bien vous parler longuement des mots de Marly Fontaine mais je crains vraiment de mal vous relater sa réalité, son passé, ses espoirs. Bref, ce qu’elle raconte si bien et beaucoup mieux que je ne pourrais jamais le faire.
Alors prenez ce livre, installez-vous confortablement et laissez Marly vous dire. Laissez-vous glisser au fil des mots d’une jeune femme racontant avec amour son Nord, sa communauté, sa réserve, sa mère, les siens, ce peuple rieur qu’elle affectionne tout particulièrement.
''Les Innus sont des ricaneurs, Ils rient de tout, des petites choses du quotidien ou encore de leurs histoires irréalistes survenues dans le bois. Le rire est dans notre ADN, on pourrait même dire que c’est un élément de notre culture.'' P.33
Laissez-la aussi vous parler de ces épreuves qu’elle a subit, de ces viols, de ces choses horribles, de ces coups durs en coups durs qu’elle a vécu et ceux également subits par les anciens et ami.e.s notamment un certain témoignage qui lui a fait prendre conscience ''du fiasco des pensionnats indiens[…] que cette page insensée de notre histoire’’ a causer bien des problèmes passés et actuels dans la plupart des réserves.
Mais les mots de Marly ne sont pas axés essentiellement sur la colère, la peine et la rancœur. Bien au contraire; avec ses forces et ses faiblesses, elle a choisi la voix de la persévérance, du courage et surtout l’espoir pour les siens et pour elle de voir enfin tomber le racisme et les préjugés.
''Il faut en arriver un jour à vivre ensemble en misant sur ce qui nous unit et non sur ce qui nous divise. […] À défaut de s’aimer, il faudrait au moins se respecter. Il me semble que ce n’est pas la mer à boire.'' pp.146-147
Voilà je n’en rajoute pas plus mais je tiens à dire tout mon respect envers l’auteure/journaliste Mélanie Loisel d’avoir laissé libre cours aux mots de Marly Fontaine qui, se sentant libre de parler sans contraintes nous offre un récit vrai, bouleversant et essentiel à la fois. Essentiel pour apprendre à ouvrir nos œillères sur la réalité autochtone. À lire sans plus tarder.
Ma réserve dans ma chair,
l'histoire de Marly Fontaine
Mélanie Loisel
Éditions Fides, 2017
2 commentaires:
C'est bien qu'il y ait des témoignages comme celui-ci, car il est important de sortir du silence et c'est de plus en plus courant ! Belle journée Suzanne, je t'embrasse
@ Florinette
Exactement Florinette, tu as tellement raison. Il faut que de tel témoignage soit lu et connu. Une dame de courage que cette Marly Fontaine.
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