« J'étais son unique fille, j'allais devenir son projet. L'expérience devait durer deux ans ; contre toute attente, elle s'est étendue sur quatorze années. Ce qui suit n'est pas un joli conte. C'est une enfance en accéléré, une vie de maniaque. Un quotidien orchestré par un tendre égocentrique qui me laisserait plus démunie que je ne saurais l'avouer. »
Voilà le désir d’un père qui ne rêvait pour sa fille que d’une vie à l’image de ce que lui désirait au détriment de la propre personnalité de celle-ci.
« Quand on nous a dicté une façon d'être, comment arriver à trouver le vrai de notre identité, quitte à faire le deuil de ce qu'on a toujours été ? »
Elle l’a vécu difficile ce désir mais heureusement la jeune femme, au fil des années, a appris à devenir elle-même, à forger son propre moi en acceptant et réussissant à mettre de côté les valeurs que son père lui imposait. Comprendre et admettre que malgré l’amour qu’elle lui portait, c’est son départ et son absence qui lui a permis vraiment d’être à sa propre image; la sienne tout simplement.
J’ai bien aimé ce petit essai surtout parce que l’auteure a évité le larmoiement et le règlement de compte. Bien au contraire, tout au long des 140 pages, le respect est de rigueur.
J’ai aimé le récit de l’auteure mais j’ai aussi apprécié qu’elle nous offre différents points de vue de personnes ayant aussi vécu le suicide d’un être cher, l’abus physique, l’exil ou, tout comme Rose-Aimée, une enfance particulière. Chacune de ces personnes se livre en toute intimité et apporte autant d’émotions que de réflexions face à la douleur, la colère mais surtout face au courage qu’il faut pour devenir ou redevenir enfin un être à part entière.
Elle montre un tatouage sur son bras : Humaine.
« Tout mon passé, toute ma douleur, tout ce que j’ai vécu… C’est ce qui fait de moi une personne vivante, une humaine. C’est écrit sur ma peau, comme ça, je ne l’oublie jamais. »p.83
Avec Ton absence m’appartient, l’auteure réussit à nous toucher sans chercher à embellir ou enlaidir les témoignages qu’elle nous décrit, le sien compris. Oui il y a de la tristesse, oui il y a des instants douloureux mais surtout il y a des beaux moments où chacun, chacune se raconte avec humilité et générosité en n'ayant qu’un seul but au bout du compte; survivre.
Voilà, je n’en ajoute pas plus, sauf peut-être de me permettre de vous conseiller de prendre le temps de lire ce petit essai et d’y découvrir à votre tour un beau moment de lecture.
Ton absence m’appartient, Rose-Aimée Automne T. Morin, Stanké, 2019.
6 commentaires:
Comme toi, j'ai beaucoup aimé. Tant le style que la forme sont venues me chercher. Et de découvrir cette brochettes de personnages m'a captivée. Une bonne et belle lecture!
@ Marie-Claude
J'espère que l'auteure, (autrice j'ai bien de la difficulté à m'y faire), va nous offrir un autre écrit car elle a une belle plume.
Merci de tes mots et à bientôt.
J'espère aussi qu'il y aura de nouveaux mots d'elle...
Pour ma part, je ne m'y ferai jamais. Je maintiens l'auteurE!
C’est un bien joli et émouvant livre qui me fait penser à un documentaire que j’avais vu sur ces mères ou pères qui, n’ayant pas réussi à vivre ce qu’ils désiraient, le vivait à travers leurs enfants en les obligeants d’être ce qu’ils auraient aimé être ou de faire ce qu’ils auraient aimé accomplir. Difficile ensuite pour ces enfants de savoir qui ils sont vraiment, c’est terrible !
@ Marie-Claude
Oui m'dame va pour auteure.
@ Florinette
Malheureusement ça arrive encore ce désir de contrôler l'identité de leurs enfants …
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