samedi 13 décembre 2014

Adrien Arcand, fürher canadien de Jean-François Nadeau


Résumé:
Un silence gêné règne toujours au Canada sur les liens que des personnages publics ont entretenus avec des idéologies proches du nazisme. Durant les années 1930, alors que la faim, la misère, le chômage et les menaces de guerre écrasent le quotidien des classes populaires, Adrien Arcand (1899-1967) prend la tête de groupuscules d’extrême droite qu’il unit sous le signe de la croix gammée. Son programme : faire émerger de la misère existentielle le triomphe du fascisme.  Premier président du syndicat des journalistes de La Presse, puis animateur de journaux satiriques d’extrême droite, Arcand va croiser sur son chemin l’écrivain Louis-Ferdinand Céline et se lier aux milieux politiques fascistes internationaux, en particulier dans le monde anglo-saxon impérialiste auquel il s’identifie. […] Ce personnage étonnant n’avait pourtant suscité jusqu’ici qu’une attention de surface, comme si les aiguilles de la conscience historique avaient refusé de reconnaître tout à fait ce temps des catastrophes qui, au Canada comme ailleurs, eut sa gloire et son public.

Mon avis: (Lu il y a un bout)
 Je ne connaissais aucunement Adrien Arcand avant de lire le très bel avis de Geneviève.  Pourtant, tout comme elle, j’aime et m’intéresse beaucoup à tout ce qui touche l’histoire particulièrement  sur ceux qui ont fait et font l’histoire québécoise en y laissant leurs marques bonnes ou mauvaises, ici ou ailleurs.

Cet homme, comme le souligne le résumé de l’éditeur, était un personnage politique et fût président du syndicat des journalistes de La Presse. Il fut père du Parti national social chrétien du Canada (PNSC) qu’il fonda en 1933 et qui regroupera plus de 1,500 membres.
Au fil de cette biographie fort bien documentée d’ailleurs, on apprend que Arcand avait des militants très attachés à ses idées de fascisme et d’antisémitisme dont: Maurice Duplessis,  Jean-Paul Riopelle, plusieurs membres du clergé et un certain Pierre Elliott Trudeau !!  De plus ce «fürher canadien», aura quelques connaissances et admirateurs à l’extérieur du Canada entre autre l’écrivain Louis-Ferdinand Céline. (Pour les septiques, dans cette biographie, un document photographique nous montre le célèbre auteur assistant à une réunion fasciste à Montréal). Faut dire qu’Arcand, selon ce que nous apprend Nadeau, était un orateur très attachant et débordant de charisme et qu’il savait très bien «vendre sa salade» . Pour attirer autant de membres, Arcand ne ventera pas que les bons côtés de cette ligue fasciste, il défendra aussi son idée d’aider les canadiens contre la grave crise économique qui sévissait à l’époque et qui affligeait bon nombre de travailleurs.

Un personnage d’une ambiguïté inouïe. Par exemple: catholique et pratiquant à l’extrême, il ne s’offusquait aucunement au fait que son idole Hitler, détestait autant les catholiques que les juifs! De plus, Arcand était politicien mais reniait toutes idées démocratiques et politiques autres que les siennes. Un être imbu de lui-même et dangereux à l’extrême voilà tout car même après la seconde guerre mondiale, même après que le monde ait su et appris de terribles choses sur l’holocauste et l’antisémitisme hitlérien, même après toutes ces horreurs et des milliers de morts au nom du fascisme, Arcand a continué de défendre cette idéologie jusqu’à sa mort.  Incroyable!!!

Ce livre n’est pas qu’une excellente biographie. Ce bouquin raconte aussi un pan de l’histoire du Québec et du Canada cette partie historique fort méconnue d’un endoctrinement fort dangereux.

Finalement, Jean-François Nadeau nous offre en fin de bouquin un lexique comprenant une documentation très complète. (Sources et photos à l’appui).
Même si la vie de ce personnage m'a choquée et attristée également, je vous conseille fortement d’en parcourir les pages pour ne pas que le silence sur de tels êtres persistent encore et que ceux-ci ne trouvent plus d’écoutes à leurs idéologies racistes, cruelles et meurtrières.

Adrien Arcand, fürher canadien de Jean-François Nadeau
Lux éditeur, 2010

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