Ils s'appelaient Leah, Peter, Eva, Ginny, Antonia, Andrew. Peut-être faudrait-il préciser davantage : la couleur de leur complet ou de leur tailleur. Le poids du porte-documents. La commande de café, dans le petit restaurant à la sortie du métro. Les conversations anodines, autour du déjeuner, ou le silence. Les gestes du quotidien, crème à raser, déodorant, chemise, bas. Le visage fermé du changeur dans le métro, son histoire. Ils n'avaient d'autre point commun que de se trouver au même endroit. Ou plutôt au même moment. Le 11 septembre 2001, à New York, quelque part dans le World Trade Center. Juste avant que tout bascule. (…)
Mon avis : (Lu il y a quelque temps)
« Je suis restée pétrifiée, le café à la main, à regarder la tour éjaculer du papier. Ce n’est qu’après, lorsque les bruits de la ville revenus, lorsque les sirènes se sont mises à hurler, ce n’est qu’après que j’ai recommencé à respirer, que je me suis rendu compte que j’avais retenu mon souffle. »
Des mots percutants comme ceux de ce petit extrait on en retrouve à chaque page, presque à chaque ligne. Des mots bouleversants relatant les derniers instants de quelques victimes de ce terrible tragédie du 11 septembre 2001 et aussi le ressenti de leurs proches, parents, femme, mari, enfants. Des personnages, avec leurs mots, leurs pensées, leurs peurs, leur désespoir, leurs gestes imaginés par l’auteure mais si criants de vérité qu’il m’a été difficile par moment de retenir mes émotions en parcourant certains passages, certains détails.
Mais n’ayez crainte ce texte ne comprend aucun sensationnalisme, aucun cliché bien au contraire. Annie Dulong nous offre des moments intenses écrits avec délicatesse, respect et sensibilité.
Un tout petit roman au propos triste il est vrai mais très beau et fort bien réussi.
Onze d’Annie Dulong
Éditeur Hexagone, 2011
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