jeudi 19 février 2015

Petite soeur, mon amour, Joyce Carol Oates


Résumé
S'emparant d'un fait-divers, un mystère jamais résolu, qui bouleversa l'Amérique - l'assassinat le soir de Noël 1996 de la petite JonBenet Ramsey, six ans et demi, célèbre mini-Miss vedette de concours de beauté, Joyce Carol Oates reconstruit l'affaire qu'elle n'hésite pas, elle, à dénouer. Une histoire effarante racontée dix ans après par le frère de la victime. […]Ses souvenirs sont à la fois vivaces et disloqués. Peu à peu émerge le nom du coupable : est-ce le père - homme d'affaires ambitieux, la mère - arriviste forcenée, un étranger cinglé ou bien... le narrateur lui-même ?
Âgé aujourd'hui de dix-neuf ans, il fait de son récit une sorte de thérapie. […]

Mon avis (Lu il y a quelque temps)
Depuis plusieurs années déjà Joyce Carol Oates est une auteure que j’aime lire et dès que je le peux, je me plonge dans un de ses écrits. Ce que j’ai lu de sa main jusqu’à maintenant ne m’a pas déçue, au contraire. Chaque histoire parcourue m’a apporté son lot de surprises, émotions et interrogations.
Bien sûr certaines sont dures, crues avec des passages qui laissent leurs marques car lire cette auteure c’est accepter de se faire «dire», sans gant blanc, l’Amérique dans toute sa profondeur. Pas seulement la belle, la riche, la fausse, la pauvre, la secrète, la doucereuse mais aussi la vraie, la dure, la manipulatrice avec toutes ses déviances et ses dérives. Lire Oates j’adore mais ce n’est pas toujours facile j’en conviens et Petite sœur, mon amour fait partie de ceux qui m’ont laissé la marque d’une lecture bouleversante.

Cette histoire tirée d’un fait divers, n’est pas un conte de fée. Et comme beaucoup d’autres malheureusement, c’est une histoire qui choque, émeut, peine, enrage et interroge. Et c’est pire lorsque des enfants sont en cause.
Petite sœur mon amour c’est  Edna Louise Rampike (surnommée Bliss car ça sonnait plus «star»), devenue dès l’âge de quatre ans, Miss Bout de chou sur Glace. Championne sur patin à un âge où les enfants jouent et ne connaissent rien de la vie. Mais Bliss ne connaîtra jamais le bonheur d’être enfant parce qu’elle sera poussée, entraînée, changée et obligée par sa mère à devenir tout ce qu’elle-même voulait et rêvait de devenir.
Un drame terrible et incompréhensible  que ce roman dont le narrateur est Skyler, frère de Edna qui, depuis la mort de sa jeune sœur, souffre de dépression, névrose, déficit d’attention et erre d’écoles spécialisées à hôpitaux psychiatriques. Skyler raconte à sa façon, dix ans après la mort suspecte de sa petite sœur, la vie de sa famille et en s’excusant de ne pas écrire en véritable écrivain.

Une narration pas toujours facile car Skyler livre aussi ses états d’âme de frère protecteur et jaloux à la fois, de jeune garçon mal aimé et délaissé par ses parents qui n’en avaient que pour Bliss. Il écrit de son cœur, de ses souvenirs malgré que l’oubli sur plusieurs «détails» s’est installé. Skyker écrit de sa peine, de sa colère et sa rage est devenue la mienne lorsque ses mots révèlent que Bliss et lui avaient conscience des magouilles, manipulations et chantages de leurs parents mais leurs mots, leurs craintes, leurs peurs sont passé inaperçus. Inouï!

Joyce Carol Oates,  encore une fois, a réussi à me faire vivre toutes sortes d’émotions malgré quelques longueurs et un peu trop de notations en bas de pages. Elle a su se mettre dans la peau d’un jeune garçon pas toujours lucide, en mal d’amour et d’attentions, pour nous faire voir, l’avidité, l’égoïsme, la négligence autant familiale que «sociétaire» puis nous dire jusqu’où peut mener le désir de gloire, célébrité chez certains et la folie fanatique et le voyeurisme chez d’autres. Un roman inquiétant et bouleversant à la fois ; à lire vraiment.

Petite soeur, mon amour, Joyce Carol Oates
Éditions Philippe Rey, 2010.

Lus de l'auteure: Blonde Hantises Le goût de l'Amérique - Mudwoman - Nous étions les Mulvaney - Petit oiseau du ciel - Un endroit où se cacher

2 commentaires:

Fanny / Pages Versicolores a dit...

Le seul livre de Oates que je n'ai pas terminé... je ne comprenais rien à son choix narratif, je n'étais tout simplement pas dedans... dommage car le sujet ne pouvait que m'interesser! Et oui, les drames, j'aime ça :-D
À reessayer...

Suzanne a dit...

@ Fanny
Bonjour Fanny et bienvenue dans mon humble petit coin.

En effet; pour ce fait divers dame Oates a choisi une narration assez ambigüe mais, si tu peux le reprendre un de ces jours, en faisant fi de ce petit bémol, je suis certaine que tu le verrais d'un autre oeil.
Tu me diras.