Une jeune femme du Sud qui, comme les oies, fait souvent le voyage jusqu’à Salluit, parle à Eva, son amie du Nord disparue, dont le corps est dans l’eau du fjord et l’esprit, partout. Le Nord est dur – «il y a de l’amour violent entre les murs de ces maisons presque identiques» – et la missionnaire aventurière se demande «comment on fait pour guérir son cœur». Elle s’active, s’occupe des enfants qui peuplent ses journées, donne une voix aux petites filles inuites et raconte aussi à Eva ce qu’il advient de son fils Elijah, parce qu’il y a forcément une continuité, une descendance, après la passion, puis la mort.
Mon avis
Difficile de venir vous jaser de ce roman sans trop en dire. De toute manière, je ne saurais par où commencer parce que cet écrit se vit et les mots de Juliana Léveillé-Trudel nous parlent à chacun/chacune d'entre nous. Elle raconte le Nord comme il est avec franchise et amour tout simplement.
[…] Moi, j’aime ça, ici. J’aime les enfants, les gens, la langue, les chiens, le paysage, le soleil de minuit, les aurores boréales, les caribous, la toundra, les montagnes, les balades. […] J’aime le fjord peu importe sa couleur et son niveau d’agitation. […]
Et elle le raconte très bien ce coin de pays avec ses forces et faiblesses à travers ses mots qu’elle adresse à Éva disparue à quarante ans à peine et qui lui manque terriblement. Elle lui décrit ce pays du froid, sa beauté, les siens et ce fils qui poursuit sa route malgré son départ. Et elle narre en des mots simples et beaux les drames, les difficultés, les violences d’être de ce Grand Nord mais surtout elle n’hésite pas à dire ce que sont vraiment ces cœurs autochtones débordant d’émotions en écartant et effaçant les vieux mythes et préjugés. Comme une belle ode débordante de sensibilité envers ce peuple trop méconnu.
Un tout petit roman mais d’une force et d’un réalisme touchants. À découvrir.
Nirliit de Juliana Léveillé-Trudel
La Peuplade, 2015
Village de Salluit
Photo: Gilles Boutin
6 commentaires:
Ça m'a l'air d'être un beau roman.
@ Kidae
C'est effectivement le cas ma belle. N'hésite pas.
Je suis heureuse de lire ton billet, Suzanne. C'est un roman qui m'a touchée. Je te cite : "Elle n’hésite pas à dire ce que sont vraiment ces cœurs autochtones débordant d’émotions en écartant et effaçant les vieux mythes et préjugés". Eh bien, tes mots me touchent aussi :)
@ Topinambulle
J'ai découvert ce livre grâce à ton magnifique billet. Merci à toi.
Je veux découvrir ce roman et cette toute nouvelle plume québécoise. Tu n'en dis pas beaucoup mais c'est bien assez pour qu'on ait envie de mettre la main dessus.
@ Marguerite
Il est vrai que j'en dis peu car j'ai choisi de vous laisser découvrir ;-)
Bonne lecture.
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