Voilà un roman qui sort des sentiers battus. Une histoire
bien rythmée, bien amenée, que j’ai lue d’une traite tellement j’ai été
captivée. Un roman qui se découvre au fil de trois narrations autant intéressantes
que surprenantes.
Ces trois voix nous racontent l’histoire sur deux époques
différentes. Tout d’abord dans un futur très rapproché à Montmagny où une
canicule rend la population de plus en plus agressive menant vers des excès de
rage incontrôlés. Puis on se retrouve en 1942 en pleine deuxième guerre
mondiale sur Grosse-Île où des
chercheurs travaillent à la mise au point d’armes
bactériologiques!
Trois voix qui nous racontent une intrigante histoire. Tout d’abord, la plus étonnante : celle de ce frappabord ou mouche à chevreuil, qui prend la parole en n’hésitant pas à nous livrer son point de vue sur l’humain destructeur autant avec ironie, humour que colère.
« Vous êtes partout. Vous ne pensez qu’à vous. Votre odeur
chimique trop puissante se répand avec la pollution que vous générez. Vous
défigurez tout sur votre passage. Vous ne prenez pas la peine d’effacer votre
trace. »
« Depuis combien de temps êtes-vous incapables d’anticiper
l’évolution de votre environnement ? […] C’est pourtant ce qui nous a permis de
survivre jusqu’ici. En cet instant précis, vous devriez ressentir de la peur. […]
Une angoisse viscérale et atavique dans le fond de vos tripes. Ne captez-vous
pas le signal de rage que notre espèce s’envoie désormais pour vous attaquer ?
[…] Et nous devons pas être les seules. […] La Terre ne pourra pas vous endurer
encore bien longtemps. »
On suit ensuite Théodore, homme solitaire, bourru
travailleur en usine qui va voir son domicile envahi par des mouches dont notre
fameux frappabord de plus en plus avide de sang chaud et attiré par le corps de
Théodore! Puis on se retrouve, des
décennies en arrière, aux côtés de Thomas, entomologiste, engagé par l’armée, avec
quelques confrères, à la création d’armes bactériologiques.
Au fil des pages on parcourt avec intérêt ces trois récits qui
se retrouvent finalement liés en une histoire fictive inspirée de faits
véridiques. Un roman choral passionnant entre passé et présent qui joue autant
dans la réflexion, l’émotion et la sensibilisation sur ce terrible fait que l’espèce
humaine, désireuse de tout contrôler, n’hésite pas à manipuler la nature à des
fins destructrices.
À ce propos quelques mots du frappabord :
« Quand je pense à toi et à ton espèce. Je vous méprise. Je
vous déteste. Je vous abhorre. Je vous exècre. Je vous aversionne. Je n'ai
jamais vu des individus aussi malveillants envers eux-mêmes et les autres. »
Un récit très bien construit mêlant à la fois
l’anticipation, le thriller écologique et le roman historique. Vraiment, Mireille
Gagné a une imagination débordante et il me tarde déjà de lire ses autres écrits.
Une lecture à découvrir qui nous donne envie d’y entrer avec intérêt dès les premiers mots parcourus. J’ai beaucoup
aimé.
Frappabord, Mireille Gagné
La Peuplade, 2024
5 commentaires:
Merci pour cette belle revue. Frappabord, ça a l'air super bon, ce livre! Ça donne envie de courir l'acheter! ☺️👍
Vas ma Jo, cours vite te le procurer. C'est un roman qui devrait te plaire. Merci de tes mots. À très vite. xx
Au vu de ta chronique, je comprends que tu te sois laissée emportée. Les angles utilisés pour aborder le sujet ont l'air très intéressants. Et il m'a l'air très sage ce Frappabord :).
Hum je ne pourrais t'avouer si ce frappabord est sage ou non car je devrais trop t'en dire sur ce qui lui arrive et ce qu'il vit. Par contre, si tu croises le chemin de ce bouquin, lis-le!
C'est noté ;)
Publier un commentaire