vendredi 1 novembre 2024

Le propre de l’homme : Robert Merle

 

Un chimpanzé peut-il apprendre un langage et communiquer ? Oui, répondent Edmund Dale et sa femme, qui tentent l'expérience avec Chloé, une petite chimpanzé adoptée à sa naissance. Et Chloé va s'humaniser à mesure qu'elle s'exprime, révélant même une vie affective riche et nuancée.

Jusqu'au jour où, prenant conscience de l'hostilité des humains et de sa " différence ", elle va sombrer dans un mal de vivre qui la rendra dangereuse.
A partir de faits scientifiquement établis, l'auteur de Malevil et de Un animal doué de raison renoue avec l'anticipation et nous donne à réfléchir - ou à rêver - sur ce qui sépare l'humain de l'animal.

Mon avis (Lu il y a un bout)

Un roman palpitant, riche en réflexions sur l’humanité et sur l’animalité. Deux  races dites différentes mais ô combien ressemblantes à plusieurs points de vue. Ce n’est plus le propre de l’homme de communiquer et dans ce roman l’auteur nous le démontre parfaitement. Aucune spéculations ou presque car Robert Merle nous réfère tout au long de cette fiction les travaux les plus célèbres de l'éthologie concernant l'apprentissage du langage chez les primates.  

Un livre très intéressant dans lequel j’ai appris énormément sur le langage des sourds-muets employé pour communiquer avec Chloé mais j’ai aussi appris sur les relations, comportements, réactions communes entre les êtres humains, parents adoptifs, et ce petit singe devenu leur «bébé».  

Je me suis attachée énormément à Chloé c’est un fait mais j’ai été aussi perturbée par le désir d’Edmund Dale et de sa femme à vouloir transformer ce petit animal en être humain au détriment même de Chloé qui ne saisit pas vraiment ce qui lui arrive.  Je comprends que le couple Dale aime ce petit être mais est-ce vraiment de l’amour si on n’arrive pas à respecter la nature même de cette petite chimpanzé? 

Mais là j’arrête, je ne vous en dis pas plus afin de vous laisser le loisir de découvrir ce roman d’anticipation oui mais dans lequel on se rend compte que ça ne date pas d’hier cette volonté humaine de vouloir tout contrôler, particulièrement l’espèce animal. Un bon récit qui donne à réfléchir. 

Le propre de l’homme : Robert Merle

Livre de Poche, 1991


vendredi 25 octobre 2024

Lignes de fuite, Val McDermid

 

Stephanie Harker franchit les contrôles de sécurité à l'aéroport quand elle voit son fils, devant elle, se faire embarquer par un homme en uniforme. Prise de panique, elle sonne l'alerte. Mais les autorités n'ayant pas assisté à la scène la pensent folle et le fuyard a du temps pour s'éloigner. Alors que Stephanie raconte sa version des faits au FBI, il devient évident que cette histoire est bien plus complexe qu'il n'y paraît. Pourquoi quelqu'un voudrait kidnapper Jimmy ? Par quels moyens Stephanie peut-elle le faire revenir ? 

Mon avis (Lu il y a un bout)
Je peux vous assurer qu’en commençant la lecture de ce roman, vous serez bien loin de vous imaginer où va vous emmener l’auteure. Certes l'histoire débute par le kidnapping d’un enfant et, même si ce thème n’est pas très original, suite à la mise en place de cet élément dramatique, l'auteure nous plonge aux côtés de Stephanie Harker, un sacré  personnage dont les péripéties intriguent d'un chapitre à l'autre. 

Stephanie est un écrivain fantôme. Son métier c’est d’écrire l’histoire de « célébrités » qui veulent raconter leur vie ce qui l’amène à côtoyer toutes sortes de personnages et, de l’homme politique aux vedettes de la téléréalité, l’éventail est large.
Au fil du parcours de Stephanie, Val Mc Dermid va nous délivrer une critique acerbe du monde de la télévision et de la téléréalité en particulier. Et même s’il s’agit d’une fiction, difficile de ne pas penser à certaines « starlettes » dont nous avons tous entendu parler et qui font les choux gras de la presse à sensation. 

Ces passages, qui constituent la majeure partie du livre, seront entrecoupés par des chapitres plus courts qui vont suivre l’enquête concernant l’enlèvement de Jimmy pour se terminer en apothéose par la fusion des deux. Bien qu’ayant quelque peu deviné la conclusion, l’histoire m’a conquise et j’ai passé un très bon moment de lecture. 

Finalement il me faut vous dire que le talent de Val McDermid pour nous transporter dans son univers ne faiblit pas, bien au contraire et avec Lignes de fuite, elle nous livre un thriller psychologique abouti totalement ancré dans notre société. 


Lignes de fuite, Val McDermid

Éditions Flammarion, 2015 

Autres romans de l'auteure sur le blogue: (série Karen Pine4 garçons dans la nuit - Sans laisser de traces )-(Autres romansAu lieu d'exécution - Comme son ombre Noirs tatouages ) 

mardi 15 octobre 2024

Fracture, Johanne Seymour

 

Dans le quartier populaire de Pointe-aux-Trembles, Samuel, Steve et Patrick, des amis d'enfance apparemment sans histoire, cachent un terrible secret. Quand une enquête est réouverte sur l'accident dont l'un d'eux a été victime huit ans plus tôt, le fragile équilibre sur lequel ils ont construit leurs vies s'écroule.
Fracture est le récit de la spirale destructrice dans laquelle ces hommes sont entraînés depuis des décennies.

 Amis depuis l’enfance, Steve, Samuel et Patrick se retrouvent régulièrement aux parties de baseball qu’ils organisent ensemble lorsque Samuel croit apercevoir dans les gradins un être qui lui rappelle d’horribles souvenirs qu’il croyait enfouis au fond de sa mémoire.

 Cet événement doublé d’une réouverture sur une enquête d’un accident dont fût témoin Samuel va provoquer des changements chez celui-ci le rendant de plus en plus impatient et colérique envers les siens ce qui pourrait bien mettre fin à son bonheur familial aux côtés de Florence et leur jeune enfant. De plus, ses amis Steve et Patrick vont également avoir à répondre aux questionnements de la sergente-détective concernant ce fameux accident. Cette réouverture d’enquête inquiète nos trois comparses et des vérités cachées depuis des années refont petit à petit surface.

 Commence alors le décryptage des personnages. D’un chapitre à l’autre l’auteure passe au tamis la vie intime de chacun braquant, tour à tour, le projecteur sur chacun d'eux depuis cet horrible événement. Leurs doutes, leurs peurs, leurs silences reprennent vie face à ce qu’ils ont vécu d’indicible. Au fil des pages elle nous décrit habilement la tension vécue chez les protagonistes et qui va changer leur comportement de tous les jours. Samuel va devenir de plus en plus violent puis l’alcoolisme et les états dépressifs vont mener la vie de Patrick et Steve va se complaire dans des aventures extraconjugales aux comportements sexuels virant à l’obsession.  Des comportements cachant leurs véritables malheurs tus depuis trop longtemps.

 Il faut reconnaître que Johanne Seymour a bien démontré tout en profondeur la personnalité et la psychologie de ses personnages. Même les deux enquêteurs bénéficient d’une attention particulière afin que rien ne soit laissé au hasard au déroulement de l’histoire. Elle a su habilement nous démontrer toutes les contradictions et souffrances que vivent ses protagonistes. Elle nous fait découvrir leurs doutes, la peur, la honte que vivent les trois amis et leurs désirs de voir la lumière au bout du tunnel.  

Bref, avec Fracture, l’auteure nous offre un récit émouvant et très bien maitrisé que je n’hésite aucunement à vous en conseiller la lecture.

Fracture, Johanne Seymour

Libre Expression, 2024

Autres romans de l'auteure sur le blogue: 

Les enquêtes de Rinzen Gyatso: Rinzen et l'homme perdu - Rinzen, la beauté intérieure Les enquêtes de Kate McDougallLe cri du cerf - Le cercle des pénitents - Le défilé des mirages  - Vanités - Eaux fortes - indépendants:  Le goût de l'élégance - Wildwood





vendredi 27 septembre 2024

Frappabord, Mireille Gagné

 

Voilà un roman qui sort des sentiers battus. Une histoire bien rythmée, bien amenée, que j’ai lue d’une traite tellement j’ai été captivée. Un roman qui se découvre au fil de trois narrations autant intéressantes que surprenantes.

Ces trois voix nous racontent l’histoire sur deux époques différentes. Tout d’abord dans un futur très rapproché à Montmagny où une canicule rend la population de plus en plus agressive menant vers des excès de rage incontrôlés. Puis on se retrouve en 1942 en pleine deuxième guerre mondiale sur Grosse-Île où des chercheurs travaillent à la mise au point d’armes bactériologiques!

Trois voix qui nous racontent une intrigante histoire. Tout d’abord, la plus étonnante : celle de ce frappabord ou mouche à chevreuil, qui prend la parole en n’hésitant pas à nous livrer son point de vue sur l’humain destructeur autant avec ironie, humour que colère.

« Vous êtes partout. Vous ne pensez qu’à vous. Votre odeur chimique trop puissante se répand avec la pollution que vous générez. Vous défigurez tout sur votre passage. Vous ne prenez pas la peine d’effacer votre trace. »

« Depuis combien de temps êtes-vous incapables d’anticiper l’évolution de votre environnement ? […] C’est pourtant ce qui nous a permis de survivre jusqu’ici. En cet instant précis, vous devriez ressentir de la peur. […] Une angoisse viscérale et atavique dans le fond de vos tripes. Ne captez-vous pas le signal de rage que notre espèce s’envoie désormais pour vous attaquer ? […] Et nous devons pas être les seules. […] La Terre ne pourra pas vous endurer encore bien longtemps. »

On suit ensuite Théodore, homme solitaire, bourru travailleur en usine qui va voir son domicile envahi par des mouches dont notre fameux frappabord de plus en plus avide de sang chaud et attiré par le corps de Théodore!  Puis on se retrouve, des décennies en arrière, aux côtés de Thomas, entomologiste, engagé par l’armée, avec quelques confrères, à la création d’armes bactériologiques. 

Au fil des pages on parcourt avec intérêt ces trois récits qui se retrouvent finalement liés en une histoire fictive inspirée de faits véridiques. Un roman choral passionnant entre passé et présent qui joue autant dans la réflexion, l’émotion et la sensibilisation sur ce terrible fait que l’espèce humaine, désireuse de tout contrôler, n’hésite pas à manipuler la nature à des fins destructrices.

À ce propos quelques mots du frappabord : 

« Quand je pense à toi et à ton espèce. Je vous méprise. Je vous déteste. Je vous abhorre. Je vous exècre. Je vous aversionne. Je n'ai jamais vu des individus aussi malveillants envers eux-mêmes et les autres. »

Un récit très bien construit mêlant à la fois l’anticipation, le thriller écologique et le roman historique. Vraiment, Mireille Gagné a une imagination débordante et il me tarde déjà de lire ses autres écrits.  Une lecture à découvrir qui nous donne envie d’y entrer avec intérêt dès les premiers mots parcourus. J’ai beaucoup aimé.

Frappabord, Mireille Gagné

La Peuplade, 2024





samedi 7 septembre 2024

Le Pianiste, Wladislav Szpilman

 

(Lu il y a un bout)

Témoignage d'un rescapé de Varsovie, jeune pianiste d'origine juive qui, sous l'occupation allemande, a tout perdu. Sa famille, ses amis, ses collègues, son identité et ses rêves. Cinq années de cauchemar que ce musicien a vécues dans cet horrible ghetto. Il a tout vu et tout enduré. Sous les bombardements, il a connu la faim, la souffrance, la mort terriblement présente, les coups et les blessures autant physiques que moraux. Heureusement Wladyslaw a tout de même réussi à s'en sortir grâce à sa volonté, à son énorme courage et aussi avec l'apport d'un officier allemand révolté par les atrocités que pouvaient subir ces pauvres gens. 

« Quels lâches nous sommes, à nous croire au-dessus de pareilles horreurs sans rien faire pour les en empêcher ! Nous serons punis, nous aussi, et nos enfants le seront aussi, bien qu’innocents, parce que nous devenons des complices en tolérant que tous ces crimes soient perpétrés. »

Un très bel écrit, triste mais dénué de larmoiements et présenté sobrement avec respect. Une histoire de courage, d’espoir et aussi une leçon d’humilité. Tout perdre, famille, biens, même son identité que ce jeune homme a dû cacher au risque de mourir tout ça pour une guerre incompréhensible. 

Ce livre devrait être une lecture obligatoire dans toutes les écoles du monde pour que ces pages soient lues par millier afin que la bêtise humaine, avec toutes les horreurs qu'elle amène, soit à jamais bannie. 

Le Pianiste, Wladislav Szpilman
Robert Laffont 2001


lundi 19 août 2024

Fille noire, Fille blanche, Joyce Carol Oates

  

 Genna et Minette partagent une chambre sur le campus. Et c'est tout ce qu'elles ont en commun. Minette est aussi noire, indomptable et solitaire que Genna est blanche, timide et généreuse. Fascinée, Genna fait son possible pour fendre la cuirasse de Minette et devenir son amie. Observant la menace des violences racistes croissantes, elle est sa seule alliée ; pourra-t-elle la sauver ? 

Mon avis (Lu il y a un bon bout) 

Quoi qu’en disent ses dénigreurs, Joyce Carol Oates a une sacrée plume et elle le prouve une fois de plus avec ce roman. Et je peux vous dire que ça fait du bien de se replonger dans une histoire accrocheuse et intrigante à la fois. Je suis entrée dans cette lecture dès les premières pages et l’ai lu quasiment d’une traite.  

La narratrice, Genna, raconte des faits qu’elle a vécu quinze ans plus tôt lors de sa rencontre avec Minette, sa colocataire, au temps de leur première année d’études universitaires.  

L’une est une fille blanche, enfant d’une famille très bien nantie et l’autre est de race noire, enfant de pasteur et d’une mère soumise. Bref, deux filles complètement différentes l’une de l’autre. Genna est gentille, très sociable voudrait bien devenir l’amie de la très désagréable et hautaine Minette. Elle usera d’une patience d’ange pour s’en faire une amie mais plus le temps va passer, plus Minette va s’isoler, devenir amère, victime d’actes racistes. 

Un récit complexe par moment dont le climat de l’époque transcende tout au long du roman sans être agressant pour autant. Un roman dans lequel on suit aussi une partie pas très rose de l’histoire américaine. Le Vietnam, la chute de Nixon, le combat des noirs pour leurs droits.  Bref, un bouquin où il y a aussi la solitude, la peine, la culpabilité. 

Une lecture pas toujours facile mais Fille noire, Fille blanche est très bien écrit malgré que certains passages soient décousus, hachés comme si l’auteure avait voulu ajouter un petit coté ambigu à son récit. Cependant, l’écriture de Joyce Carol Oates est belle, riche et malgré ses petits côtés noirs et déroutants, lire ses mots est un réel plaisir. 

Fille noire, fille blanche de Joyce Carol Oates

Philippe Rey, 2009


Autres romans de l'auteure sur le blogue: Blonde Carthage Délicieuses pourritures Hantises J'ai réussi à rester en vie - La fille du fossoyeur - Le goût de l'Amérique - Le musée du Dr. Moses - Mère disparue - Mudwoman - Nous étions les Mulvaney - Petit oiseau du ciel - Petite soeur, mon amour  - Un endroit où se cacher - Un livre de martyrs américains

vendredi 12 juillet 2024

Histoire de Lisey, Stephen King

Pendant vingt-cinq ans, Lisey a partagé les secrets et les angoisses de son mari. Romancier célèbre, Scott Landon était un homme extrêmement complexe et tourmenté. Il avait tenté de lui ouvrir la porte du lieu, à la fois terrifiant et salvateur, où il puisait son inspiration. À sa mort, désemparée, Lisey s'immerge dans les papiers laissés par Scott, s'enfonçant toujours plus loin dans les ténèbres qu'il fréquentait... 

Mon avis (Lu il y a un bout)
Avant tout, je dois faire cette petite mise au point. L’éditeur qualifie ce livre de chef-d’œuvre mais selon moi, Histoire de Lisey ne s’y apparente pas vraiment. Ô ce n’est pas un mauvais livre mais, je suis tout de même restée sur ma faim.

Pourtant le sujet est hyper intéressant. Un écrivain meurt assassiné par un admirateur, sa femme Lisey doit non seulement apprendre à faire son deuil mais aussi se battre contre les vautours, lecteurs inconditionnels de l’écrivain, qui ne cessent de la harceler afin de mettre la main sur des documents supposément inédits de l’auteur. Jusqu’ici l’intrigue attire mais j’ai eu bien de la difficulté à poursuivre au-delà des cent premières pages car j’ai perdu souvent le fil.

Stephen King est un excellent écrivain je ne le contesterai jamais. Son écriture est impressionnante et il sait, souvent par de simples thèmes, attirer le lecteur dans ses filets. Mais ici, malgré ma bonne volonté, je n’ai pas vraiment embarqué dans cette histoire comme il m’est arrivé de le faire dans la majorité de mes lectures de l’auteur. 

À travers les découvertes de Lisey dans les écrits de Scott Landon certains de ceux-ci m’ont agacée, comme si par moment je lisais un journal intime dont les mots n’avaient plus aucun rapport avec le roman tel quel. Par contre, j’avoue ne pas avoir détesté le personnage de Lisey. Ses épreuves, ses moments dépressifs elle laisse tout ça de côté pour défendre avec volonté son entourage. Vraiment un personnage intéressant. Cependant, les trop nombreux passages issus d’époques diverses m’ont ennuyée et l’intérêt de poursuivre ma lecture s’est amenuisé petit à petit.

J’avoue ma déception mais peut-être que je devrais le relire. Peut-être que l’importance de certains passages m’a échappée? Je ne sais pas. Bref comme écrit plus haut, ce n’est pas un mauvais roman mais je crois que je n’étais tout simplement pas prête à le lire.

Histoire de Lisey : Stephen King

 Albin Michel, 2007

Autres romans de l'auteur sur le blogue: 22/11/63 - Ça - Cycle de La Tour sombre - Dôme - Duma Key - Holly - Joyland - L'Institut - L'Outsider - La ligne verte - Le bazar des mauvais rêves - (Trilogie Billy Hodges Mr Mercedes t1- Carnets noirs t2 )- Nuit noire, étoiles mortes - Rose Madder - Running man