De tous les livres qu'il a laissés. Coloane aimait à rappeler que si Tierra del Fuego était son préféré. Ses lecteurs, eux, avaient toujours placé Cap Horn au plus haut. Entre les deux recueils, c'est au reste le même monde qui déploie ses noirs prestiges : ce Grand Sud chilien balayé par tous les vents de l'enfer, terre de désolation et école de solitude. Le climat brutal des récits, le traitement si particulier de la narration - débarrassée de toute " littérature " -, le style abrupt : autant d'éléments communs à ces deux volumes jumeaux qui semblent avoir été composés d'une seule coulée.
Mon avis (Lu il y a longtemps)
Il est des livres qui, sans qu’on s’y attendre, procurent un bonheur durable tout au long de leur lecture et Cap Horn fait partie de ceux-là.
Un recueil de nouvelles dans lequel on retrouve des histoires tantôt de la vie courante, tantôt tirant vers la légende ou encore le mystérieux et fantastique. Toutes ont ce petit quelque chose qui accroche, qui fait réfléchir, qui fait peur ou encore émerveille car Coloane est un sacré conteur.
Tout dans ce recueil nous parle de la vie, de sa beauté ou de sa dureté dans cette Terre de feu légendaire. La mer, le froid, la neige, l’alcool, l’isolement, la chasse, tout y passe. Pour certains ce territoire est le paradis de la liberté et d’une beauté à couper le souffle, pour d’autres c’est le vent qui rend fou, la neige, que la neige qui rend prisonnier et apporte la mort.
«Tout, ici, semble mort; on dirait la naissance ou la limite d'une planète inconnue; mais le plus extraordinaire est cette langue de terre, de sable et de pierres qui s'avance loin dans la mer.»
Des histoires comme "Le supplice de l’eau et de la lune", "La dernière contrebande", ''L’iceberg de Kanasaka" ou encore ''Cururo" et ''Le Vellonero'', chacune nous est racontée dans un style direct, sans artifices. Certaines sont difficiles à parcourir pour la dureté de leur propos et quelques scènes de violences mais il faut aller jusqu’au bout car la réalité de la vie qu’elle soit d’ici, d’ailleurs ou de Cap Horn n’est pas toujours facile.
Mais il n’y a pas que la violence dans ce recueil, il y a le plaisir de voyager et de découvrir au travers les mots de Coloane une terre peuplée d’îles, entourée de mer, de vent, de richesses, d’une belle et mystérieuse nature. À lire absolument.
Cap Horn de Francisco Coloane
Editions : Phébus Libretto
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