Rien ne prédestinait Céline Rabouillot à devenir garde-barrière. Elle lit des livres, parle trois langues, comprend les enfants comme personne. Elle accompagne un homme âgé qui a aimé les abeilles, la bonne chère et les grands crus de Bourgogne. Mais elle est grosse, trop grosse pour les "autres" que dérangent ses manières et ses habitudes. Et la voilà — elle qui porte le poids de l’absence, le chagrin d’un enfant mort — vouée à la haine sournoise de ceux qui n’acceptent la différence sous aucune de ses manifestations.
Mon avis (Lu il y a un bout)
J’ai parcouru ce roman très touchant en à peine une heure et j’en suis encore toute bouleversée. Un tout petit livre débordant d’émotion à chaque page, que dis-je, à chaque phrase. Une histoire triste, un récit de solitude, de rejet, d’amour infini, d’espoir déchu. Bref un roman à ne pas lire si le cœur vous chavire ces temps-ci à la moindre émotion. C’est aussi un roman dans lequel l’absence prédomine parce que l’autre n’est pas là mais qui comble le rêve d’un retour qu’on croit encore possible.
Malgré la tristesse de ce petit roman, je suis devenue une amoureuse de l’écriture de l’auteure qui nous présente cette histoire avec poésie et sensibilité. Des mots superbes pour nous aider à apprivoiser la souffrance de Céline tout autant que celle-ci.
Tout juste une centaine de pages mais un énorme trésor, un gros, gros coup de cœur. Triste mais magnifique.
Petit extrait
La tentation est grande d'imaginer que c'est un front qu'elle a contre le sien. Un front pour y appuyer sa peine. Quand on est si proche d'un visage, on ne voit plus les larmes, on ne voit qu'une étoile brillante. L'autre vous offre comme une vasque de fraîcheur où se dilue le chagrin.
La grosse de Françoise Lefèvre
Éditions Actes Sud 1994, 107 pages.
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