Dès les premières pages on est entouré par une atmosphère lourde de tristesse et d’incompréhension face à ce qui attend l’héroïne. Bien sûr, on sait déjà qu’Agnès est condamnée à mort pour le meurtre de son amant mais le comment, le pourquoi, la vérité, l’auteure nous les dévoile tranquillement et avec minutie.
Ce qu’on apprend au fil des pages fait mal, étonne, bouleverse et attise notre colère également car les conditions qui ont mené à la condamnation de cette jeune fille, son arrestation, son enfermement et comment elle a été traitée avant son arrivée à la ferme des Jonsson pas un être humain ne devrait subir ça. Puis, d’être accueillie avec dédain, peurs et inquiétudes des fermiers obligés d’héberger une criminelle, va ajouter aux conditions plus que déplorables qu’Agnès devra subir en attente de sa sentence. Mais, peu à peu, au contact du révérend Toti notre héroïne va se laisser aller aux confidences même que, petit à petit elle va nouer des liens avec la fermière Margret Jonsson qui va également lui prêter oreille.
Ce n’est pas un parcours facile que celui d’Agnès Magnúsdóttir. Abandonnée dès son jeune âge, elle s’est forgée une vie de femme volontaire à force de travail et d’ambition afin de ne pas avoir à vivre ce triste destin réservé à toutes femmes du début du dix-neuvième siècle : soumission, aucune indépendance ni avenir ni droit de parole et ainsi de suite. Non les femmes ne devaient aucunement être égales à l’homme et ce désir d’indépendance comme celui d’être différente des autres femmes ont sûrement aidé à sa condamnation hâtive.
Au fil des confidences d’Agnès, malgré que l’on connait sa culpabilité, on s’attache à elle car même si décrite comme étant une femme froide et distante, se dévoilent aussi sa grande une vulnérabilité et une incompréhension totale devant tout ce qui lui arrive.
À la grâce des hommes est un excellent roman basé sur des faits réels racontant la vie de la dernière condamnée à mort d’Islande. L’auteure nous dépeint un excellent portrait de cette femme mais aussi une Islande rude aux paysages de froidure et à la pauvreté de ses habitants maintenue par la domination, autant religieuse que commerciale danoise au début du dix-neuvième siècle. Les descriptions des lieux, des habitats, du climat extrêmement rigoureux sont si réussies que l’on ressent quasiment le vent glacial traverser les pages du roman.
Une histoire triste et sombre par moments au sujet très bien traité et habilement construit. Bien que l’on sache déjà le sort réservé à Agnès, Hanna Kent, avec un réel talent de conteuse, a su parfaitement retenir mon attention de la première à la dernière ligne. En conclusion, À la grâce des hommes est une histoire bouleversante et prenante que je n’oublierai pas de sitôt.
À la grâce des hommes, Hannah Kent
Pocket, 2016
Une baðstófa
Habitation commune similaire à celle où Agnès fut logée en attendant sa sentence.
Source
Habitation commune similaire à celle où Agnès fut logée en attendant sa sentence.
Source
8 commentaires:
Il me semble que j'avais commencé ce roman... un emprunt qui venait à échéance. Je devrais le reprendre!
@ Jules
Bonjour gentille dame.
Je crois bien que tu aimerais. Reprends-le si tu peux.
Personnellement je l'ai lu depuis un bout et je n'en parle que maintenant car j'ai pris passablement de retard dans mes chroniques. heureusement que je note tout ;-)
Je l'ai déjà repéré par ailleurs mais plus je lis de billets qui lui sont consacrés, plus je suis tentée !! :-)
@ FondantGrinote
J'ose vous le conseiller sans hésitation.
Tu en parles si bien que j'ai bien envie de lire ce roman ! Belle journée ma Suzanne, je t'embrasse
@ Florinette
Bonjour gentille dame. Merci pour tes mots; j'ose te le conseiller fortement. Belle journée.
Je l'ai fini cet après-midi : très belle lecture, très forte!
@ FondantGrignote
En effet. Un personnage très fort aussi malgré tout.
Publier un commentaire