«Un jardin au bout du monde est né de la vision que je saisis un jour, en passant, d''un jardin plein de fleurs à la limite des terres défrichées, et de la femme y travaillant, sous le vent, en fichu de tête, qui leva vers moi le visage pour me suivre d''un long regard perplexe et suppliant que je n''ai cessé de revoir et qui n'a cessé, pendant des années, jusqu'à ce que j'obtempère, de me demander ce que tous nous demandons peut-être au fond de notre silence. » G.R.
Mon avis (Lu il y a un bout)
Comme plusieurs le savez déjà, j’aime beaucoup ce qu’a écrit cette grande auteure qu’est dame Roy car ses histoires, bien que présentées en toute simplicité, sont belles, puissantes et débordantes d’émotions. Dans Un jardin au bout du monde, recueil de quatre nouvelles, l’auteure nous raconte le quotidien de superbes personnages, des immigrants (sauf Gustave, le cousin québécois) qui, à la fin du XIXe, début du XXe siècle sont devenus, en affrontant froid et sécheresse, les premiers laboureurs de ce que sont maintenant les Prairies canadiennes.
Qu’il soit question de Sam Wong, la famille Trudeau, les Doukhobors ou encore Maria et Stepan, ces quatre rencontres avec des gens désirant réaliser leur rêve dans un pays étranger sont fort bien décrites par une plume belle, sobre et simple à la fois. Des thèmes comme la solitude, l’acceptation, la différence, le racisme mais aussi et surtout le courage, l’amour et l’espoir sont omniprésents et croyez-moi l’émotion est au rendez-vous. À découvrir vraiment.
« Ainsi, un jour que m'amenait sur cette route une étrange curiosité — mais plutôt une tristesse de l'esprit, ce goût qui assez souvent m'a prise de découvrir et de partager la plus totale solitude — j'ai vu devant moi, sous le ciel énorme, contre le vent hostile et parmi les herbes hautes, ce petit jardin qui débordait de fleurs. »
Un jardin du bout du monde de Gabrielle Roy
Boréal 1994
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