dimanche 23 novembre 2014

Chroniques du Plateau Mont-Royal: M.Tremblay




La grosse femme d'à côté est enceinte
Éditions Leméac, 1978

Résumé
Montréal, le 2 mai 1942. La rue Fabre sort de son engourdissement. Trois petites filles tricotent. Le chat Duplessis sort dans la ruelle. Thérèse et Marcel jouent au parc Lafontaine. Édouard passe ses nuits dehors. La grosse femme d’à côté est enceinte….


Mon avis
Premier tome d’une très grande œuvre québécoise : «Les Chroniques du Plateau Mont-Royal», ce merveilleux roman nous raconte une journée bien remplie d’une famille habitant le grand plateau Mont-Royal. Une famille composée de plusieurs personnages tous plus attachants les uns que les autres. Il y a bien entendu la grosse femme enceinte dont l’ensemble de l’histoire gravite autour d’elle mais on peut lire aussi le parcours de tous les membres de sa famille et des voisins/voisines dont certaines mystérieuses comme Florence et ses filles. De plus, on a droit aux pensées parfois morbides du chat Duplessis. (Savoureux).
Au travers ce livre on apprend la vie des années quarante où la pauvreté était excessive et où l’on vivait entassé comme des sardines dans des logements exigus, faute d’argent. Une écriture belle où le joual omniprésent dans le parler québécois à cette époque et une histoire simple racontée avec amour et humour font de ce livre un petit bijou.
J’ai adoré ce roman et me suis attachée aux personnages tout comme je l’avais fait il y a un sacré bout à une première lecture de ce récit. Je ne vous cacherai pas que je vais poursuivre avec joie la suite des Chroniques et je vous conseille de vous y mettre également si ce n’est aussi que pour faire connaissance avec la très grande sensibilité de l’auteur.



Thérèse et Pierrette à l'école des Saints-Anges
Acte Sud 1995

Petit résumé :
Entre les colombes et les vautours, Thérèse, Pierrette et Simone, les trois fillettes inséparables de l'école des Saints-Anges, ouvrent soudain les portes de la connaissance. Mais elle vont se heurter à la cruelle mère Benoîtes-des-Anges...

Mon avis
Vous vous doutez bien que j’ai aimé et ce tout autant que le premier volet : La grosse femme d'à côté est enceinte. Mais contrairement à celui-ci, l’action se déroule à l’école durant la Fête-Dieu à l’occasion d’une fête préparée par les élèves de sœur Sainte-Catherine. Mais celle-ci et Simone,(l’amie de Thérèse et Pierrette), vont devenir les souffre-douleur de la très détestable mère Benoîte-des-Anges directrice de l'école. Bien entendu l’action tourne autour de notre inimitable Thérèse et ses questionnements, les gênes de Pierrette et enfin la Simone qui n’a plus son bec de lièvre. Mais j’ai retrouvé aussi et ce avec plaisir, Albertine, Marcel et les voisines (Florence et ses filles). Et surtout l’écriture magique de Tremblay. J’aime inconditionnellement cet auteur pour l’amour qui ressort de ses écrits. Chaque personnage qu’il nous dépeint, et ce malgré que parfois ceux-ci peuvent être de caractère tyrannique, est décrit par Tremblay avec un soin «amoureux». De plus, des éclats de rire aux trois lignes.
Je ne veux pas en rajouter car ce petit bijou, tout aussi superbe que le premier, vaut la peine d’être lu et relu. Et, malgré que ces tomes des Chroniques du plateau Mont-Royal peuvent être lues séparément, prenez la peine de vous y attarder, vous ne le regretterez aucunement.
Quant à moi, je cours vers le troisième volet :La duchesse et le roturier.


La duchesse et le roturier
Éditions Leméac, 1982.

Résumé
Sur la rue Fabre, la grand-mère, Victoire, se meurt. La grosse femme, absorbée par son petit dernier, par l'amour incommensurable qu'elle lui voue, ne sera pas là aux derniers instants. Albertine, que l'on avait également connue dans les premiers tomes des chroniques du Plateau Mont-Royal, mène d'une crise de nerfs à l'autre ses deux enfants, Marcel et Thérèse. Les hommes passent, affairés, souvent abrutis de travail. Gabriel, le mari de la grosse femme, l'aime toujours d'amour tendre. Édouard, son frère, vendeur de souliers, célibataire, passe de temps à autre à l'appartement. Il est censé y habiter…

Mon avis
Mais Edouard vit autre chose, Edouard est un marginal qui choisira de vivre et combattre les tabous encore omniprésents dans la vie des québécois ….car Victoire, son amie, sa mère qu’il protégeait de ce secret, n’est plus.
Edouard, vendeur de soulier, mais aussi travesti à ses heures sous le pseudo de la Duchesse de Langeais va nous faire vivre, sous la magnifique plume de Tremblay les folles nuits de Montréal.
Ce 3° opus des Chroniques du plateau Mont-Royal est axé sur Edouard mais j’ai retrouvé avec plaisir tous les personnages des autres tomes, Thérèse, Albertine, Marcel et les autres. J’ai adoré et j’ai ri puis, suis même venue au bord des larmes lorsque «la grosse femme» décrira ce qu’elle pense de l’homosexualité de son beau-frère. Des mots riches d’expressions québécoises, des paroles débordantes de passions pour tous ses personnages, Michel Tremblay m’a, une fois encore, «jetée par terre» avec ce bouquin.
J’adore l’univers de cet auteur et surtout son style et sa façon de nous le décrire.
Des nouvelles d'Edouard
Actes Sud, Babel (1998)

Résumé
Ce livre est composé de trois parties :
- La première partie constitue un long préambule. 1976. Dans les coulisses du club Coconut Inn, les langues se délient sur la Duchesse qui a fait les chaudes nuits de ces trente dernières années mais dont chacun constate plus ou moins le déclin...
- Cette partie est consacrée à la traversée de l'Atlantique. Retour en mai 1947, là où nous avions laissé Edouard à la fin de La duchesse et le roturier, embarquant pour la France. Dans un carnet, Edouard note au jour le jour, l'histoire de sa traversée, à l'intention de sa belle-soeur - la grosse femme, qui lui avait dit "J'te prête mes yeux, Edouard ! R'garde toute comme si on était deux !"
- Dans cette dernière partie, Edouard nous conte son arrivée à Paris, sa découverte de la capitale française...

Mon avis
J’ai beaucoup aimé encore une fois cette suite des chroniques du plateau Mont-Royal mais je confesse, qu’au tout début, je me suis ennuyée un peu. L’approche étant différente des autres tomes et un peu de répétitions dans le monde où plusieurs vivent leurs différences m’ont fait perdre un peu le fil . Par contre, dès la trentième page, mon intérêt est revenu et même qu’il s'est accru. J’ai adoré lire les mots d’Edouard tiré de son journal. Ses descriptions parfois hilarantes de certains personnages, ses ennuis et ses découvertes pas toujours amusantes à son arrivée à Paris et bien entendu toutes ses aventures parcourues sous la plume de Tremblay….Du bonbon.
Mais ce journal est aussi celui d’un homme qui, toute sa vie, n’a toujours eu droit au bonheur que très rarement. D’un être si révolté et si seul que le mensonge est devenu son seul lien afin d'attirer tous les regards vers lui.....Triste, vraiment.
Ce livre m’a fait rire mais m'a aussi arraché quelques larmes car certains passages m’ont émue comme ce passage de l'assassinat de la duchesse et aussi la lettre de la grosse femme à Edouard.
Bref, une fois de plus un moment magnifique dans ce monde de Tremblay. Un bouquin que l’on ferme avec en soi ce goût de continuer encore et encore .....



Le premier quartier de la lune
Lémeac 1989
 
Résumé
….Comme dans La grosse femme d’à côté est enceinte, toute l’action, dramatique à souhait, se déroule la même journée, ce 20 juin 1952, au moment de la fin des classes et du solstice d’été. Dante fatidique où tout bascule : fin des classes, fin du monde. Demain, rien ne sera plus comme avant……

Mon avis
Qui n’a jamais créé un monde imaginaire lorsque quelque chose n'allait pas ? Qui n’a jamais eu envie de tout quitter ou tout détruire ce qui provoquait ces peines et ces malheurs?
Qui n’a pas envie de tendre la main à un enfant malade ou à un enfant perdu? Triste n’est-ce pas? C’est ce que j’ai ressenti en terminant la dernière phrase de ce magnifique bouquin de Tremblay : une grande tristesse. Pas seulement parce que je quittais cette belle histoire et ses très attachants personnages mais aussi parce que j’aurais tant voulu pouvoir prendre ces enfants contre moi et tenter, avec eux, de comprendre.
Triste mais superbe livre, captivant, mystérieux, riche de milles et une réflexion sur les sentiments que vivent les personnages. Tantôt amour, tantôt haine, tantôt solidarité, tantôt envie. Et ce monde imaginaire de Marcel! Ses peurs, ses joies, sa révolte et son dessin de Duplessis!!! Puis lui, le fils de la grosse femme, avec ses peines, ses envies, son amour envers son cousin Marcel mais surtout son impuissance. Le premier quartier de la lune c’est tout ça mais c’est aussi un nouveau regard que l’on jette sur nos personnages favoris. Et cette plume de l’auteur, toujours aussi riche et unique à la fois. Vraiment quelle mine d’or que ce roman.


Un objet de beauté
Actes Sud 1998
Résumé
......Dans l'étonnante galerie de portraits des "Chroniques du Plateau Mont-Royal", Marcel n'est pas le moins attachant. Le héros de ce sixième volume, un gros garçon de vingt-trois ans, n'arrive pas à départager la réalité pour laquelle il est si mal armé et les domaines imaginaires où il galope à son aise sur la trace des peintres qu'il découvre avec l'émerveillement d'un autodidacte. Entre le spectacle comique de la vie et sa réalité tragique, un tableau émouvant marqué par ce mélange de verve et d'intelligence du cœur…

Mon avis
Et voilà que s’achève ce voyage dans ce le magnifique monde de Michel Tremblay. Cette dernière escale m’a bouleversée car j’ai eu un mal fou à refermer ce bouquin. À quitter Marcel, Albertine, Thérèse et tous les autres. Cet ultime regard m’a aussi amené à réfléchir sur le mal de vivre, le mal d’exister, sur le désespoir. Un objet de beauté est la conclusion de plusieurs vies gâchées par le malheur et la misère. Mais comme j’ai aimé, une fois de plus, parcourir les mots de Tremblay et lire ce qu’il nous présente de Marcel, parcourir ce qu’il est devenu. Un gros garçon attachant et mystérieux à la fois doté d’une imagination débordante car Marcel a toujours son monde à lui, ses rêves, ses envies et l’auteur nous détaille cet imaginaire superbement.
Puis Albertine qui fait de son mieux et Thérèse qui revient dans l’appartement de son enfance et la grosse femme qui quitte pour un monde meilleur et, et….
J’arrête là, je n’en écris pas plus. Prenez le temps de découvrir cette magnifique histoire. Prenez le temps d’en savourer chaque mot et tout comme moi, j'en suis persuadée, vous ferez un voyage inoubliable.



N.B. : On retrouve les Chroniques du Plateau Mont-Royal en version intégrale chez Actes Sud, Thesaurus 2000



Sources pour jaquettes et résumés : Éditions Acte Sud/Léméac
Montage pour jaquettes : Sue 2008

8 commentaires:

Kidae a dit...

J'avoue n'avoir jamais osé lire du Tremblay. Je crains que cela ne soit trop coûteux en attention...

Suzanne a dit...

@ Kidae
Euh je ne saisis pas . Est-ce du au langage que tu crains de ne pas bien saisir?

Kidae a dit...

Au langage et au style de l'écrivain. Je connais quelqu'un qui l'a lu, m'a dit avoir beaucoup aimé, mais que cela lui avait demandé une grande concentration pour lire.

Suzanne a dit...

@ Kidae
Euh lis en un au moins et tu pourrais juger de toi-même. Il y a des moments de joual mais c'est fort compréhensible même pour les non québécois. D'ailleurs si tu te réfères à bon nombre de commentaires français, ils sont majoritairement dithyrambiques.
Lis Un ange cornu avec des ailes de tôle et tu me diras. ;-)

Kidae a dit...

Ok, je note ce titre (j'hésitais entre celui-ci et un autre pour mon défi québécois ;-) )

Suzanne a dit...

Je te souhaite une bien belle découverte ma Kidae.

Kidae a dit...

Merci Suzanne. Je te reviens dès que je l'ai lu !

Suzanne a dit...

Oki dou ma belle.