samedi 7 février 2015

Ellesmere de Marie Desjardins

Résumé
L'île la plus au nord de l'Arctique. Le théâtre d'une tragédie humaine. Au cours des années 1950, le gouvernement canadien y a sauvagement déporté une centaine d'Inuits pour assurer la souveraineté territoriale du pays. Bien plus tard, mon frère Jess - sombre héros de mon histoire et de celle de ma soeur - s'y est réfugié pour échapper aux conséquences de ses crimes. Le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres... Je suis artiste. Peindre l'horreur d'Ellesmere, l'hostile terre des sacrifiés, m'a propulsé sur la scène du monde... Je suis connu, encensé. Mais personne ne connaît mon histoire. Ni celle de mon frère, ni celle de ma soeur. Aurais-je quelque secret à livrer maintenant que ce goulag de glace a englouti ceux que cachait ma famille? Ellesmere est mon aveu. Tableau de la trahison, allégorie de l'exil et sublimation de l'amour interdit, Ellesmere est impossible à oublier.

Mon avis
J’ai terminé cette lecture il y a déjà plusieurs jours et je n’arrive pas à trouver les bons mots pour en faire un billet comme je le désirerais. Les mots justes ne viennent pas car j’ai des émotions contradictoires face à  cette lecture. J’ai beaucoup aimé et un peu moins à la fois. Je vais tout de même tenter de bien expliquer mon ressenti et j’espère que vous me pardonnerez si mon commentaire vous semble ambigu.

Avant tout je me dois de souligner la lenteur de l’intrigue à se développer et c'est la raison pour laquelle j'ai un peu moins aimé. Je m’explique.
La trame prend racine au milieu d’une famille dans laquelle l’amour qui y est présent n’est pas celui que l’on croit pour une famille dite ‘’normale’’. Un père vétérinaire et dur avec ses enfants. Particulièrement envers l’aîné Jess sur qui il s’appuie pour l’aider à soigner les animaux de ses clients. Et ce paternel est complètement indifférent à son autre fils Sam et sa fille. La mère n’est pas mieux; toujours silencieuse, sans un peu de réconfort et les enfants tentent de s’épanouir à travers l’indifférence parentale.
Et leur histoire que nous narre Sam prend du temps à prendre place véritablement. Un peu à son image; lentement presque avec fainéantise. Et il raconte aussi la sienne  au milieu de celle de sa sœur et son frère. Il en parle avec jalousie et colère surtout envers Jess qui se plaît à briser le cœur de sa sœur qu’il finira par abandonner. Car Jess est un sacré personnage. Maniaco-dépressif il fera de mauvais coups et posera sur sa sœur des gestes impardonnables. Il s’exilera sur l'île d'Ellesmere afin d'y travailler en construction et bâtir des maisons pour les habitants Inuits.

Mais dès la cinquantième page, je me suis mise à ne plus vouloir quitter les mots de Sam. Plus direct, plus franc il aborde non seulement l’exil de Jess mais le sien et celui de sa sœur.  Un exil volontaire pour mieux se retrouver et enfin comprendre le pourquoi de ces sentiments et trahisons qui les habitent tous les trois. Il cherche à comprendre à travers sa peinture et il va se rendre à Ellesmere pour mieux saisir le pourquoi de tant d’interrogations et surtout comprendre pourquoi Jess a choisi cet endroit de froidure, si  immense qu’il décrit ainsi :

‘’Même l’hiver, au-dessus du cercle polaire est longue à geler autour de l’île d’Ellesmere […] Pendant presque six mois, c’est la noirceur totale. Pas une seconde de soleil, pas même une éclaircie. Elles les recouvrent comme une cape de vampire […] envahissant le silence lugubre de ce bout du monde après quoi il n’y a rien…. Que l’atmosphère. Que l’infini.''  p.54

Et au contact de son frère et des habitants Inuits, il va comprendre la quête de son frère et par le fait même saisir les raisons de leurs propres dérives. Car, comme ces Inuits, forcés à la déportation, Jess, petite sœur et lui-même trouveront leurs propres racines à leur façon.

C’est mon premier roman de Marie Desjardins et bien que la première partie m’ait laissé comme un petit goût d’ennui, je dois admettre que l’histoire de cette île d’Ellesmere et de ses habitants m’a énormément émue et captivée tout autant. Je lui lève mon chapeau d’avoir fort bien décrit l’histoire tragique de cette communauté autochtone avec brio et respect.

À consulter:
Petits détails sur l'Ile d'Ellesmere


Ellesmere de Marie Desjardins
Éditions CRAM, 2014




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