dimanche 1 février 2015
Les Bienveillantes de Jonathan Littell
En fait, j'aurais tout aussi bien pu ne pas écrire. Après tout, ce n'est pas une obligation. Depuis la guerre, je suis resté un homme discret; grâce à Dieu, je n'ai jamais eu besoin, comme certains de mes anciens collègues, d'écrire mes Mémoires à fin de justification, car je n'ai rien à justifier, ni dans un but lucratif, car je gagne assez bien ma vie comme ça. Je ne regrette rien : j'ai fait mon travail, voilà tout; …[…]
Avec cette somme qui s'inscrit aussi bien sous l'égide d'Eschyle que dans la lignée de Vie et destin de Vassili Grossman ou des Damnés de Visconti, Jonathan Littell nous fait revivre les horreurs de la Seconde Guerre mondiale du côté des bourreaux, tout en nous montrant un homme comme rarement on l'avait fait : l'épopée d'un être emporté dans la traversée de lui-même et de l'Histoire.
Mon avis (Lu il y a un bout)
Ouf je ne vous cacherai pas que je sors de ce livre complètement abasourdie. Ce livre est dur, très dur. Même horrible par moments dû à certains passages insoutenables.
Par la narration d’un personnage fictif, Aue, l’auteur nous raconte les horreurs de la deuxième guerre mondiale en passant par le cheminement personnel de cet abject personnage, ses amours, ses passions, ses obsessions, ses meurtres……
Un être que j’ai détesté tout le long de cet énorme bouquin. Car, non content de nous décrire une fois de plus les atrocités commises par les SS, jamais, jamais ce Dr Aue ne laisse voir même un semblant de remord. Inouï ! «Je ne regrette rien : j'ai fait mon travail, voilà tout;….»
Comme si l’auteur, par cet ignoble narrateur, désirait que ce soit à nous , lecteurs, de faire l'apologie de la notion du bien et du mal. Comme s’il voulait que nous parcourions ces terribles descriptions avec autant d'intérêt que de détachement. Intérêt pour les réflexions qu'un tel livre amènent et détachement comme pour en atténuer l'horreur.
Paradoxal non? Impensable pour moi en tout cas car, en grande partie de lecture, je me suis sentie agressée par la condescendance du personnage, par son sarcasme, par son immoralité lugubre. «Frères humains» narre t-il!!! Jamais au grand jamais quant à moi qu'un tel être se dise humain et mon «frère» de surcroît!
Cependant, je ne dis pas que Les bienveillantes est un bouquin mal écrit non, faut donner à César ce qui appartient à César comme dit le vieux dicton. Littell a fait un travail de moine, ce livre est très bien documenté mais j'émets tout de même un bémol: l’emploi de trop de mots en allemand et des pages interminables sur l'évolution linguistique caucasienne, c'est vraiment désagréable à la longue.
Je ne dis pas non plus de ne pas lire ce pavé car il faut aussi y retenir que ces tragiques événements sont bel et bien arrivés et ne doivent en aucun cas se reproduire mais, attachez votre ceinture car vue sous le regard de cet auteur, vue de la fa^con qu'il nous présente cette histoire, c’est vraiment une lecture difficile.
Les Bienveillantes de Jonathan Littell
Gallimard, 2006
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