Barnum et Fred grandissent à Oslo dans les années 60 au sein d'une famille excentrique dominée par trois générations de femmes. L'histoire de cette famille norvégienne n'est toutefois qu'un des aspects de ce roman envoûtant où le tragique et le comique ne cessent de se côtoyer. Si subtile qu'en soit l'intrigue, si complexes et attachants qu'en soient les personnages, si cocasses qu'en soient les situations, si magique qu'en soit l'univers, c'est le talent de l'auteur à entrelacer des thèmes multiples, la richesse des allégories toujours accessibles grâce à la limpidité du style qui font du Demi-frère un chef-d'œuvre.
Mon avis (Lu il y a un bon bout)
D’entrée de jeu je vous avoue ma gêne parce que j’ai faillit abandonner la lecture de cet excellent roman. Il me faut vous dire que j’ai eu quelques difficultés à entrer dans l’histoire mais heureusement que j’ai poursuivi sinon je serais passée à côté d’un fabuleux écrit.
Un livre absolument magnifique. Une histoire comme j'aime, qui sait me bousculer, m’atteindre, me faire réfléchir et aussi rire. Un livre que je qualifierais de magique car, dès que mon petit malaise du début s’est estompé, je ne voulais plus en quitter les pages.
En fait c’est l’histoire de deux jeunes garçons, à travers leur adolescence. D’abord il y a Barnum, petit, très petit, faisant l’objet de moqueries incessantes de la part de ses supposés camarades et qui endure en ne laissant rien paraître de ses peines même s’il souffre énormément de cet handicap. Puis Fred, son demi-frère, un garçon bourru, violent par moments et qui a toujours su et cru ne pas être le bienvenu dans cette famille.
[...] « Je n'aurais pas dû naître. » J'attendais qu'il continue, tout en espérant intérieurement qu'il se taise. «J'ai été introduit de force à l'intérieur de maman, avait-il poursuivi à voix basse. J'aurais dû être retiré. Arraché puis balancé. Mais maman n'a rien dit avant qu'il ne soit trop tard et le docteur Schultz était trop fin soûl pour se rendre compte de mon existence.» « Comment tu le sais ? » Fred avait souri. « J'ai écouté. J'ai écouté la cour. Le grenier. Les histoires traînent partout, Barnum. »
Deux êtres différents se côtoyant jour après jour en tentant de s’apprivoiser à travers leur propre apprentissage de la vie. Deux personnages difficiles à oublier mais que dire de Véra, Boletta et l’arrière-grand-mère surnommée ''la vieille''? Ces trois femmes aux caractères vifs, opposés et entêtés sont un atout essentiel à la compréhension de l’histoire car, à travers leurs propres parcours, entre passé et présent, le lien se rapproche; tout devient clair.
Une histoire de jalousie fraternelle, d’abandon, d’incompréhension mais aussi d’amour/haine. Un mélange complexe d’émotions décrit avec délicatesse et subtilité par une superbe plume.
Vraiment, je ne regrette aucunement de ne pas avoir abandonné les pages de ce superbe roman. Un long récit de près de 900 pages mais ô combien intéressant et qui fait partie désormais de mes coups de coeur.
Le Demi-frère: Lars Saabye Christensen
Éditions: Jean-Claude Lattès, 2004
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