mercredi 21 février 2018

Le sentier des bêtes, Marie-Ève Bourassa


Je ne sais pas ce que ça vous fait vous mais personnellement, lorsque je quitte une lecture en sachant que je ne reverrai plus jamais un personnage auquel je me suis attaché; bien ça m’attriste beaucoup, beaucoup.

En effet, ce sacré Eugène va me manquer malgré son caractère bourru, sa toxicomanie, son alcoolisme et son petit côté ripou. Mais Eugène, ''Gène'' pour les intimes, n’est pas foncièrement méchant, bien au contraire, c’est un sentimental au cœur grand comme ça surtout pour ses proches et ses fidèles ami.e.s. Et dans cette ultime mésaventure, il nous le prouve très bien en reprenant son rôle de détective privé afin de venir en aide à Herb Parker, son ami et partenaire dans leur petit commerce de contrebande d’alcool. Herb est soupçonné du meurtre de la belle Carole Morgan nouvellement élue Miss Montréal et Eugène ne croit aucunement son ami responsable de cet assassinat. Alors, il se met à fouiner ici et là entre quartier malfamé, repaires de malfrats et chics cabarets afin d’éclaircir cette sombre histoire.

C’est une très belle finale dans le monde d’un personnage inoubliable que nous offre Marie-Ève Bourassa. Une trilogie débutant à l’aube du 20e siècle jusqu’aux années trente dans un Montréal s’ouvrant aux vices, à la prostitution, au trafic de drogue, contrebande d’alcool et jeux clandestins. Une ville où le crime organisé règne en roi et maître profitant de la misère d’une grande majorité de montréalais cherchant richesse dans des tripots de jeux où ils viennent parier leurs maigres payes en espérant faire fructifier celles-ci. De plus, on a droit aussi à ce Montréal de jazz, de danseuses, de clubs rivalisant entre eux, à qui donnerait le plus beau show afin que coule à flot l’argent des gangsters, de flics corrompus ou celui de la haute société. Un joli mélange dans lequel Eugène Duchamp va devoir se glisser pour résoudre son ''enquête'' mais aussi ostraciser ses vieux démons. Ceux qui le hantent encore depuis plus de trente ans.

Oui je me suis attachée à cet homme, cet antihéros malmené par la vie, la guerre, ses amours et son trop plein d’émotions qu’il cache en lui comme de terribles secrets qu’il ne veut aucunement dévoiler. Un être introverti, paumé, marginal se jetant dans la drogue et l’alcool afin d’amoindrir le mal physique qui le ronge mais aussi pour oublier ce monde crasse qui l’entoure et qui le mène depuis trop longtemps sur le sentier des bêtes.

Puis que dire de l’écriture de Marie-Ève Bourassa! Dans les deux premiers tomes elle nous avait déjà démontré son talent par une belle maîtrise des premières intrigues en leur donnant un ton et une texture propres et en y insérant une atmosphère s’alourdissant au fil des pages. Avec Le sentier des bêtes, l’ambiance sombre se caractérise encore plus. La folie et la décadence des années trente d’une ville prise entre misère et gangstérisme, on les ressent tout simplement parce que l’auteure en parle fort bien. Elle sait tout autant rendre les lieux vivants comme s’ils étaient des personnages à part entière. Avec ce dernier volet, Marie-Ève Bourassa a su parfaitement boucler la boucle sur cette intéressante plongée dans le Red Light montréalais.
J'ai refermé Le sentier des bêtes avec une boule dans la gorge. L'univers d’Eugène Duchamp m'a fortement captivée et je vais m’en ennuyer pas à peu près.

Le sentier des bêtes, Red Light T3 
Marie-Ève Bourassa
VLB éditions, , 2018

Autres romans de l'auteure sur ce blogue:
Série Red Light: T1: Adieu Mignonne - T.2: Frères d'infortune
                                                    

4 commentaires:

Florinette a dit...

J'ai déjà ressenti cela avec certains livres où, voyant la fin arrivée, j'en freinais la lecture afin de déguster ces derniers moments. Belle journée ma Suzanne, je t'embrasse

Suzanne a dit...

@ Florinette
Merci de tes gentils coucous Florinette. J'apprécie vraiment.

Karine a dit...

Tu donnes très envie de nous pencher sur cette trilogie... Habituellement, j'évite tout ça mais là... je suis curieuse.

Suzanne a dit...

@ Karine
Une trilogie fort bien écrite, une plume à découvrir crois-moi. Je te souhaite de bons moments, tu me diras.
Psstt, merci pour tes mots.