dimanche 13 mai 2018

L'Allumeuse, Suzanne Myre

Voici des histoires comiques et venimeuses où se succèdent les mères égoïstes et les pères absents, les minets et les marmots, et, surtout, les pécheresses tristes et les femmes vampires qui séduisent les hommes pour les réduire en poupées de chiffon. Car les héroïnes de Suzanne Myre sont puissantes. Ce sont des battantes qui n'hésitent pas à mettre le monde à feu et à sang pour se faire justice. Pourtant, aucune d'elles n'est un démon. Elles sont même gentilles, au fond. Mais elles ne veulent plus qu'on les blesse. Il y a, au coeur de ces récits, une profondeur bouleversante. Une complexité, une introspection, une tendresse qui désemparent et qui persistent longuement après la lecture. 

J'aime lire Suzanne Myre.  De ses recueils comme Le peignoir, Mises à mort, Nouvelles d’autres-mères et de son roman Dans sa bulle, je garde de bons souvenirs de lecture. Alors lorsqu’est paru L’Allumeuse il y a peu de temps, il me tardait de pouvoir le lire. Chose faite maintenant et oui ami.e.s lecteurs/lectrices voici un autre bon moment de lecture que nous offre l’auteure croyez-moi.

Dès le départ avec L’Allumeuse, nouvelle éponyme, Suzanne Myre nous entraîne dans un quartier de Montréal-Nord où se jouent des drames dont les personnages principaux se dressent corps et âme contre l’abus sexuel, la brutalité, l’abandon, la négligence, les blessures cruelles bref, un inventaire de plaies comme si un feu brûlant avait couvé trop longtemps en leur for intérieur et que seule la vengeance pourrait éteindre.

Je ne vais pas entrer dans le détail pour chacun des douze textes peuplant ce recueil mais sachez que sous ce climat de peines et de drames, l’auteure laisse aussi place à l’ironie et l’humour ce qui adoucit certains malaises face aux sombres desseins de ces êtres malmenés.
D'une nouvelle à l’autre, l’animosité monte en crescendo et devient violence comme si celle-ci était devenue le dernier recours d’un réconfort tant recherché. Au fil de ces récits tout semble ne plus avoir de sens pour les victimes enfermées dans leur silence mais l’auteure ajoute quelques moments d’espoir avec humanité et sensibilité.

Suzanne Myre est une excellente conteuse. Dans cette douzaine de nouvelles, elle n’a aucunement hésité à créer tout un tourbillon d’émotions dans lequel on se surprend à ressentir aux côtés des protagonistes autant d’incompréhension, douleurs, colère que d’empathie.  Vraiment j’ai beaucoup aimé ce dernier recueil de l’auteure et je n’hésite aucunement à vous en conseiller la lecture.

L’Allumeuse, Suzanne Myre
Marchand de feuilles, 2018

Lu dans le cadre du défi: Mai en nouvelles sur l'initiative de Marie-Claude (Hop sous la couette) et d'Électra (Tombée du ciel)

Autres écrits de l'auteure sur le blogue: Dans sa bulle - Le peignoir - Mises à mort

4 commentaires:

Marie-Claude a dit...

Veux-tu bien me dire ce que j'attends pour découvrir Suzanne Myre?

Par ailleurs, j'espère que tu passes un excellent moment de lecture en compagnie de Wagamese!

Suzanne a dit...

@ Marie-Claude

Ouin je me l'demande aussi à propos de Suzanne Myre. Une excellente nouvelliste.

Quant à Wagamese, sirop je l'ai terminé cet après-midi et wow!!!! J'en parle bientôt.

Florinette a dit...

J'aime bien de temps en temps lire des nouvelles ! Merci ma Suzanne et belle semaine, je t'embrasse.

Suzanne a dit...

@ Florinette

Tu aimerais celui-ci. Belle soirée mon amie.