Le Paradise est ce club du Red Light de Montréal qui, en 1930, accueille les vieux garçons dans un espace nommé le ringside. C'est là qu'Édouard Tremblay aimerait bien faire son entrée dans le "grand monde", peu après son embauche comme vendeur de chaussures sur l'avenue du Mont-Royal. Car à presque dix-huit ans, il est déjà emporté par le double qui l'habite, cette duchesse de Langeais qui deviendra son personnage de folle des nuits de la métropole. Et c'est aussi au Paradise que travaille la mère de Nana, Maria Desrosiers, toujours aux prises avec "cette boule dans la gorge, ce poids sur son coeur". Autour d'elles s'agitent les membres des deux familles, à la merci de ce "maudit destin qui ne mène jamais où on veut aller" : Ti-Lou et Maurice, Victoire et Télesphore, Albertine et Madeleine, Teena, et l'inconsolable Josaphat-le-Violon, qui se réfugie à l'asile Saint-Jean-de-Dieu.
Mon avis (Lu il y a quelque temps)
Ce septième tome de La Diaspora des Desrosiers est encore une réussite de cet auteur au talent inimitable. Dans ce dernier opus, l’action se déroule toujours à Montréal mais cette fois en 1930 lorsque Edouard, alors âgé de dix-sept ans, se trouve un premier boulot mais surtout qu’il va enfin découvrir son vrai monde, sa véritable identité. Et Edouard deviendra, à ses heures, La duchesse de Langeais.
J’ai aimé découvrir les premiers moments de ce beau personnage dont les misères et malheurs m’avaient touchée dans Des nouvelles d’Edouard des fameuses Chroniques du plateau Mont-Royal . J’ai aimé que Tremblay nous offre de ce personnage une approche moins dramatique, cette facette drôle et humoristique d’Edouard qui l’aidera à mieux s’affirmer.
J’ai aussi bien aimé retrouver Maria, la mère de Nana, Albertine, Madeleine, Alice, Béa, Ti-Lou et aussi le talentueux violoniste mais très malheureux Josaphat.
Une fois de plus Michel Tremblay a concocté un excellent roman dans cet univers qu’il maîtrise à la perfection. De nous offrir la genèse de ces personnages tant aimés des Chroniques du Plateau Mont-Royal en nous dévoilant des détails tantôt drôles, tantôt quasi tragiques, c’est une sacrée bonne idée et c’est un réel plaisir de lecture. À lire vraiment.
Extrait
Ce n'est pas tant les paroles de la chanson qui l'émeuvent, (elles sont toutes banales), que toute ce que cette musique brasse en elle. Ça vient de loin, de son enfance, de celle de ses parents, ça surgit du fin fond la campagne […] ça soulève les jupes, ça met de a légèreté dans le soulier, ça donne envie de danser, d’aimer tout le monde. C'est de la musique qui impose la nostalgie à ceux qui ne sont pas nostalgiques. On ne sait pas de quoi on s'ennuie, mais on s'ennuie de quelque chose en écoutant ce brassage rythmé d'instruments et des voix, joyeux dans le ton mais tristes par les émotions qu'il remue.
Les clefs du Paradise de Michel Tremblay
Leméac, 2013
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